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Fata Morgana
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Le génie de Baudelaire, qui trouve sa nourriture dans la mélancolie, est un génie allégorique.
Pour la première fois chez Baudelaire, Paris devient objet de poésie lyrique. Cette poësie locale est à l'encontre de toute poësie de terroir. Le regard que le génie allégorique plonge dans la ville trahit bien plutôt le sentiment d'une profonde aliénation. C'est là le regard d'un flâneur, dont le genre de vie dissimule derrière un mirage bienfaisant la détresse des habitants futurs de nos métropoles.
Cet «exposé», fut rédigé en français par Benjamin en 1939. Il annonce ce qu'aurait dû être Le livre des passages, resté à l'état fragmentaire, qui se voulait «une histoire sociale de Paris au XIXe siècle» et tente de «montrer comment les formes de vie nouvelle et les nouvelles créations à base économique et technique entrent dans l'univers d'une fantasmagorie. A des fantasmagories du marché, où les hommes n'apparaissent que sous des aspects typiques, correspondent celles de l'intérieur, qui se trouvent constituées par le penchant impérieux de l'homme à laisser dans les pièces qu'il habite l'empreinte de son existence individuelle privée. Quant à la fantasmagorie de la civilisation elle-même, elle a trouvé son champion dans Haussmann, et son expression manifeste dans ses transformations de Paris».
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«Nul langage ne se substituera jamais à celui qui, depuis trois mille ans, escorte en l'éclairant notre aventure. La littérature, seule, peut expliciter les signi?cations ultimes, ténues, vertigineuses qui hantent obscurément nos jours. Comme toutes les choses humaines, les oeuvres évoquées ici sont d'une heure et d'un lieu. Mais elles se sont élevées au-dessus de leur détermination prochaine pour parler à l'humanité. C'est dans cette dimension que se retrouvent Gustave Flaubert, Alain-Fournier, William Faulkner, Henri Thomas, Claude Simon, Jacques Réda et Pierre Michon.»
C'est ainsi que l'auteur introduit ce volume consacré aux grands écrivains l'ayant marqué à des titres divers. La célébration de ces héritages lance et forme une ré?exion rigoureuse sur l'écriture en elle-même, cette «activité contre-nature». Une percée philosophique qui, d'un phrasé sans graisse, vient sonder la pensée et l'économie des hommes pour y trouver, sous les rapports de force et leur historicité, quelques cruciales vérités sur ce monde et sa littérature. -
Ce sont treize lettres adressées au Vous derrière lequel se dérobe la bien-aimée. L'auteur y embrasse la solitude qui ne se défaît jamais de la condition amoureuse. Une écriture cousue d'or et qui sonne comme une évidence, distinguable de toutes les autres par sa pureté. Au fil de ce monologue, l'âme - entre délivrance et tourment - se voit prodiguer quelques belles étoiles, «rayons de miel fauve» qui ne manquent pas de résonner jusqu'au coeur. C'est, depuis les années 80, ce verbe inimitable qui a permis à Christian Bobin d'acquérir la ferveur de plusieurs générations de lecteurs. Publié pour la première fois en 1987, ce titre était indisponible depuis cinq années. Cette nouvelle édition comble ce vide.
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Léon-Paul Fargue, célèbre arpenteur parisien et poète hanté par la nostalgie, brilla également dans l'exercice du portrait de nombre de ses amis (Maurice Ravel par exemple) ou des grands aînés de la littérature et de la peinture. Ce texte - publié en 1946 et depuis longtemps introuvable - est un éloge furieux d'un des plus grands peintres espagnols et, sans aucun doute, de l'histoire. De Séville à la cour du roi Philippe IV, ce «mystique qui ne veut point dire son nom» sut faire surgir, sur le visage des hommes, toute la complexité des songeries qui, de l'intérieur, les consumaient. Face à ses tableaux que l'on admire au Prado, au Louvre, à Londres, à Vienne, Fargue décèle une immobilité incantatoire qui pousse à la méditation et aux souvenirs. Il pointe le peintre des rapports vrais, «le véritable peintre de l'Incarnation», qui ?t de l'être humain son sujet le plus précieux. Là où «dans les contraintes de la vie of?cielle, dans les disciplines de la vie d'apparat», l'homme se tient en équilibre entre la vertueuse maîtrise de soi et une nature passionnelle, violente, qui ne peut jamais vraiment se dérober. Là où Vélasquez régna tel un seigneur.
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Jacques Gamblin a interprété le facteur Cheval au cinéma en 2018. Rentrer dans la peau de cet homme marqué par les drames, obsédé par l'édi?cation de son Palais idéal, a bouleversé l'acteur. Pour l'interroger comme pour le remercier, il écrit cette intense lettre, lue à la radio en 2020 et jusqu'ici restée inédite.
Les mots reviennent sur son appropriation du rôle qui dessine - fort des tourments que l'exercice in?ige - une existence rude et hors du commun. Comment marcher dans les pas d'un homme entièrement dévoué à glori?er, par la pierre et l'empreinte, la beauté du monde ? Peut-être en décelant dans ce projet monumental, physique et granitique, toute la magni?cence des idéaux mystiques qui l'ont fondé et se sont révélés en silence. Le Facteur et l'acteur se confondent, un costume de souffrance et d'abnégation ?nit par pénétrer la peau et y déposer sa folie, «cette folie qui fait du bien et du bon». -
Pierre Bergounioux présente ce texte haletant, philosophie de la guerre et du temps, par ces quelques mots : « Universellement connu sous l'appellation de Forteresse volante, le Boeing B-17 fut l'instrument principal des bombardements stratégiques qui ruinèrent l'Allemagne. Il emportait dix hommes sur des distances supérieures à trois mille kilomètres, dans l'hiver inexploré des hautes altitudes battues par le feu ennemi. Leur aventure collective n'a pas été contée. Ses possibles interprètes n'y ont pas survécu. A partir d'une image de B-17 en perdition, on a épilogué sur les chances du récit, la liaison toujours incertaine entre l'événement et sa relation.» Extrait : Pour les Anciens, déjà, la guerre était mère de toutes choses. C'est pour exterminer qu'on innove, qu'on passe du silex au bronze puis au fer, de l'arc à l'arquebuse. Ça a pris des millénaires. Les forgerons oublièrent qu'ils avaient succédé aux tailleurs de pierre. L'espèce découvre tard qu'elle a une histoire et c'est tout récemment que ceux qui la font savent qu'ils l'accomplissent. Il a fallu, pour cela, que le devenir précipite son rythme, que des changements significatifs apparaissent dans l'étroite frange que forment, entre le peuple innombrable des morts et celui, futur, qui attend son heure, dans les limbes, les trois générations de vivants.
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Texte mythique, écrit en 1945-1947 en pleine guerre civile, mis en musique par Théodorakis et devenu, contre la dictature des colonels, un hymne à la résistance et à la liberté, c'est un des premiers livres publiés par Fata Morgana, dès 1968, dans l'admirable traduction de Jacques Lacarrière, alors que Ritsos est déporté à Léros.
S'y révèle un territoire «aussi dur que le silence» où les coeurs des hommes et femmes nourrissent la volonté insatiable d'être libre. Les voix de ce peuple grec - celles des ?ers combattants et des exilés, des morts et des vivants - soufflent espoir et souffrance sur les rides du paysage, y gravent, des astres aux pierres, le «grand feu rouge» qui brûle dans leurs yeux.
Des vers bouleversants où chaque image porte la lutte de tout un monde.
La célébration de la Méditerranée dionysiaque sera le moteur d'exaltations actuelles. -
Flairer, écouter, regarder tout autour en silence, c'est ainsi que le chasseur sur le qui-vive se ?e à ses sens pour prévenir le danger, le bond du fauve surgissant au tournant.
C'est sur cette image que se clot provisoirement ce texte envoutant, cette réflexion sur l'écriture. Lorsqu'il nous con?a ce texte en 1993, Louis-René des Forêts le présenta comme «pages extraites d'un ouvrage en cours». Il renonça ensuite à l'inclure dans Ostinato et préfèra le conserver en un volume indépendant. Trente ans après Voies et détours de la fiction, cette clef est indispensable pour pénétrer une oeuvre encore secrète.
Indisponible depuis presque dix ans, il était temps de ramener à la surface cette prose qui, d'une justesse folle, ébranle notre rapport à l'écriture et au langage même. -
C'est là justement que le 29 mars 1957 j'étais en train d'absorber le 5372ème croissant de mon existence (je ne m'y suis mis que tard au croissant, avant mes moyens ne me permettaient que la mie de pain, lorsque - mais tout d'abord je dois compléter les renseignements que je fournissais tout à l'heure quant à mon alimentation : ces moyennes ne comprennent pas le samedi, car le samedi je fais la fête. Je me permets le sucre, l'amidon, l'acide iodhydrique, l'anhydride sulfureux, etc...
Toutes choses que je me refuse dans le courant de la semaine.
Depuis le groupe surréaliste - qu'il quitte en 1929 et dont il retient la conjugaison de la fantaisie débridée avec la construction rigoureuse - jusqu'à l'Oulipo - où il entre en 1961 poussé par la volonté d'échapper au flou de l'inspiration - toute l'oeuvre de Raymond Queneau, infatigable lecteur, infatigable curieux, est traversée par l'humour et la cocasserie, truffée de trouvailles littéraires qui sont l'effet d'une réflexion sur le langage. Amateur de calembours, citations, pastiches, parodies ;
à la fois romancier, satrape, poète, chansonnier scénariste ou peintre, Queneau distille dans ses textes nombre d'allusions autobiographiques, souvent indirectes ou voilées : déjà en 1937 dans Odile il est permis de deviner le récit de la rupture avec Breton.
Ma vie en chiffres rassemble ses tentatives autobiographiques inédites, sérieuses ou pas...
D'abord sous la forme d'une ode aux mathématiques où tout est prétexte aux pirouettes algébriques, où l'«eggsistence» du narrateur est rythmé par le comptage obsessionnel (du nombre d'heures travaillées à la quantité de croissants ingérés), puis sous celle d'une fiction avortée, l'Autobiographie trafiquée : tout décrit une existence banale finalement perturbée par la folie créatrice.
La verve de Raymond Queneau, oscillation permanente entre rêve et réalité, entre littérature et langue parlée, ne se sépare jamais de cet humour savant voué à nous régaler. Le Collège de 'Pataphysique dont il fût membre aux côtés de Boris Vian ou Max Ernst n'est pas loin : chaque texte est une mise en pièce de la vision traditionnelle et élève, plein d'espiègleries, un regard nouveau sur le monde.
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Publiés en 1934, le premier fut la préface du livre d'António Ferro?: Salazar. Le Portugal et son chef, le second celle d'un numéro consacré aux dictatures et dictateurs de la revue Témoignages de notre temps. Ensemble, ces deux textes formulent une ré?exion nette et incisive sur les mécanismes de l'esprit qui engendrent et régissent les régimes politiques dictatoriaux. La plume du penseur - qui, sans cesse, questionna les élucubrations du monde moderne - n'a pas perdu de sa résonance au ?l du temps et des pouvoirs. A la suite d'Inspirations méditerranéennes et Regards sur la mer, cette publication poursuit la collection menée en collaboration avec le musée Paul Valéry de Sète?: petit format et prix modeste pour découvrir et redécouvrir les textes essentiels de l'écrivain.
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Conversion du minotaure
Guillaume Sire, Nathalie Bourdreux
- Fata Morgana
- 6 Septembre 2024
- 9782377921706
Les ?gures mythologiques - autrefois redoutables, désormais asservies par la mélancolie - déambulent dans un monde moderne démysti?é, où les mots ont été renégociés.
Le Minotaure, maudit, prisonnier d'un faux langage que matérialise son labyrinthe, cherche une issue. Il chante, invoque les choses et, d'une ?èvre adamique, baptisant ce qui l'entoure, ?nit par se baptiser lui-même et retrouver son nom, Astérion. Ulysse, pour apaiser la fureur de Poséidon, doit reprendre son odyssée et marcher, une rame sur l'épaule, longtemps, très loin, jusqu'à croiser un homme qui, ne connaissant pas la mer, n'aura jamais vu de rame. Du dédale de la langue, il s'agit de s'extirper. Deux textes comme des temples qui chantent leur ruine et caressent la couture entre le tragique grec et le romantisme chrétien. Une psalmodie embaumante qui se fait joie devant l'existence, sa souffrance, et colère devant ceux qui en vident le sens, en saccagent la beauté. -
De l'évocation pittoresque à l'épreuve métaphysique, des gravures de Michel Strogoff au Cri dostoïevskien, Philippe Jaccottet nous entraîne en ces pages vers une Russie tout intérieure. Il y convoque les plus grandes voix de la littérature et de la pensée occidentale (Dante, Cervantès, Nietzsche, Rimbaud, Dostoïevski, Chalamov), auxquelles les XIXe et XXe siècles russes ont tant apporté. Cet itinéraire sombre, rugissant, dans une géographie de mots et d'images, est plus évocateur que tous les carnets de voyage ; et il y a plus de Russie dans la note d'espoir insensée qui conclut ce texte que dans toutes les visions d'apocalypse que l'on nous sert si volontiers...
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Le citadin est un petit bulletin périodique, clandestin, fait-main, qui paraît «subrepticement, de temps à autres, dans le XXème arrondissement de Paris» entre 1997 et 2010. Pendant plus de dix ans, Jacques Réda s'amuse à façonner et composer artisanalement les matrices manuscrites de chaque numéro, les tirant à quelques dizaines d'exemplaires et les distribuant à son entourage d'amis poètes, peintres et écrivains. Entre folie fictive et références au réel, ces feuilles confidentielles accueillent poèmes, récits, articles, reportages, chroniques locales, critiques littéraires, gastronomiques et autres. Chaque témoignage de la vie parisienne s'élabore d'un humour subtil et d'une plume que l'on sait terriblement érudite. Celle d'un promeneur qui, en espace urbain comme champêtre et face à l'époque traversée, a su rester attentif aux détails du quotidien, là où la poésie s'insinue. De cette trentaine de numéros, une oeuvre de plus de six cents pages voit le jour.
Réservées à quelques proches et inédites jusqu'ici, notre édition les reproduit intégralement en un fac-similé historique, imprimé sur papiers de couleurs. -
Initialement prévues pour une parution en 1947 chez Skira, ces pages devaient composer ledernier et le plus important texte du «vieux piéton» sur la capitale tant arpentée. Longue et poétique promenade, Paris Seine est bien l'ultime étreinte littéraire de la ville adorée, restée en partie inédite. Dans le décor de ruelles où la prose foule le pavé, Fargue exalte vertiges et sentiments enfouis. La dérive urbaine révèle un monde visible au seul regard du poète où les scénettes du quotidien peignent sur les façades de surprenants tableaux. Fargue, noctambule sentimental, célèbre le détail et tient le bras des foisonnantes idées surgies des cafés. Ces récits, mémoire intime d'une charmeuse érudition, ruissellent d'anecdotes et de noms propres : ces faubourgs et leur temps sont sans secret pour l'explorateur. Paris, ses forces, sa mythologie, nous submergent.
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Les états du corps, qui fait écho au premier livre de Bernard Noël, Extraits du corps, est une manière de revenir à ses préoccupations primordiales : Le corps est une carrière à mots, et ses explorations assurent que, là, sous la peau, il y a de quoi refaire la langue. Il interroge encore ce corps par extraits, par états : en onze temps, qui sont autant de fragments de sa légende imprononcée. Dès les premiers mots, c'est toujours le corps qui parle : Au commencement, le corps est ouvert comme un oui. Quelle douceur ! Mais il s'y oublie... Car toute l'oeuvre poétique de Bernard Noël s'incarne du mystère du langage, sa production par le corps : anatomie et poésie constamment s'y accordent. Cette prose précise et saillante n'y manque pas et, partant de la peau, enveloppe l'histoire. En quelques pages, tout est là. La réédition de ce petit organe poétique, publié en 1999 et épuisé depuis plus de quinze ans, commémore l'anniversaire de la disparition de Bernard Noël, ami éternel de Fata Morgana. Avec le texte, les gravures de Cécile Reims font corps
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Comme il l'avait fait avec La mue, Pierre Bergounioux revient sur ses déméles avec le temps et son inlassable travail sur l'existence. A toutes les échelles de l'histoire, il en flaire et détoure les empreintes. Tout n'est que résurgence dans ces Métamorphoses où chacun des actes présent semble procéder d'une cause à venir, et inversement.
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" Le lecteur compulse, compare, vérifie. Impossible de se fier au livre qu'il a entre les mains, car manifestement il n'en dit pas assez, faisant d'ailleurs référence à d'autres, qu'il faut localiser, se procurer, ouvrir puis comprendre. Voici qu'il en trouve un, qui était à vrai dire la source du précédent. Il le lit dans une langue qui n'est pas la sienne et qu'il maîtrise mal (...) Mais il faut avancer, coûte que coûte, quels que soient les désagréments, l'inconfort, les dangers qui sommeillent derrière la paroi vert sombre de la rive et que le bruit des pagaies dans l'eau ou celui des pages qu'on tourne peuvent réveiller à tout instant. " Plongé dans les écrits de ces poètes, géographes et anthropologues, ce livre ouvre une voie pour nous y perdre : se succèdent biographies d'aventuriers et autochtones, survols de cartes et archives, chroniques zoologiques en terrain hostile et d'autres. Orinoco n'est ni un roman, ni un récit de voyage. Il traite moins de la source du fleuve que de celle des livres qui ont conté le fleuve - et en ont fait une métaphore inépuisable. Ici, c'est la langue qui est interrogée et la littérature qui se retrouve bousculée dans ses prétentions.
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Jacques Réda, dernière grande plume de sa génération, est fervent partisan des correspondances manuscrites et des envois postaux. Affranchissons-nous avait déjà relevé, dans la rêverie, le plaisir de ces pratiques. L'envoi d'une lettre tenait alors de l'anodin : pressentait-il déjà les changements que le numérique portait en son germe ? Ici Jacques Réda vole au secours de ce patrimoine fait de petits bureaux de province, de timbres trafiqués et de négociations à foison. Son verbe, vengeur et nostalgique, gifle la modernisation du système postal et prône le délice du chaos face à ses rouages cadencés. Un éloge qui ne se cantonne pas aux boîtes aux lettres et qui tente, d'un gai pessimisme, de ramener la société et son monde à la raison, vers l'essentiel et les joies sincères.
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Maurice Denis, né en 1870, mort en 1943, est l'un des peintres fondateurs du mouvement des Nabis qui, en rupture avec les représentations artistiques de l'époque, va libérer la voie vers une peinture moderne et émancipée de toutes les règles. Grand critique et historien de l'art, il a produit de nombreux écrits théoriques sur les artistes et les mouvements de son époque, ceux qu'il côtoyait, qu'il admirait ou qu'il rejetait.
Ce volume rassemble les portraits - écrits entre 1902 et 1939, inédits ou publiés dans de désormais introuvables revues - des ?gures qui l'ont inspiré et dont il se revendiquera toute sa vie. Les primitifs italiens, Fra Angelico et Raphaël, sont d'abord convoqués avec Poussin - fervent représentant du classicisme et autres grand amoureux de l'Italie - comme des modèles de raison, de méthode et de métier. Amaury-Duval, Manet et Renoir suivent et représentent l'émergence de la modernité au XIXe siècle. La trinité Puvis de Chavanne, Gauguin et Cézanne, contemporains de l'auteur, clôt l'ensemble et amorce la réaction à l'impressionnisme que seront les Nabis. L'ensemble est une analyse précise et brillante de leurs techniques, des contextes qui ont fondé leur création, et surtout un vibrant hommage à leur oeuvre.
Préface, établissement des textes, annotations par Juliette Solvès (éditrice, chercheuse, responsable de l'édition du Catalogue raisonné des peintures de Maurice Denis.) -
Dans ce livre, les voyages - vers la Sardaigne, en Afrique ou jusqu'aux îles Solovki - répondent à un profond désir d'enfance que le souffle rallume sans cesse. La lumière de la baie, celle du jardin, sont des lampes qu'aucune main n'éteindra jamais. Qu'importe la longueur du chemin, la grâce c'est ce chant, une offrande de la mer et du soleil. Le contemplateur a vécu cela quelquefois, seul au lever du jour, face à des couleurs que l'on sait divines mais que la vie brute nous lègue à tout instant. Résonnent aussi, de la région natale, les départs, la perte, le saisissement, l'effroi, des pages de vie qui se tournent et ce face à face de la beauté et du néant qu'il rapporte ici afin que demeurent quelques traces.
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D'où vient cette sensation qui s'impose avec insistance ? Elle ne vient pas tant des formes organiques que de la certitude acquise à la fréquentation que ces dessins sont l'empreinte multiforme d'une vitalité aux avatars innombrables. Vitalité déposée non pas telle qu'en elle-même, mais telle qu'à elle-même la révèlent ses relations avec les formes qu'elle accueille et qui, incorporées par cet accueil, deviennent les doubles indispensables à l'expression de ses états. L'aspect organique est une conséquence, et non pas, conme il semble d'abord, le résultat d'un choix thématique ;
Ce n'est d'ailleurs pas un thème, mais le langage suscité par une nécessité.
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Entre autres indices de l'arriération qui frappe ce qui se donne pour la réalité, dans les zones périphériques, il y a le fait que des choses qu'on trouve très nouvelles, tout actuelles accusent, vérification faite, cinquante et cent ans d'âge et qu'on peut désespérer, quoi qu'on fasse, d'être jamais de son temps. J'ai découvert, parmi tant d'autres, que j'étais l'otage du passé et que l'unique recours consistait à lire pour aujourd'hui, sans doute, mais pour hier et pour demain, aussi, c'est-à-dire tout le temps, partout et jusqu'en rêve, comme Proust l'explique, dès la première page de sa Recherche, ou encore à caresser des chimères, comme d'être plusieurs en un seul ou d'enfreindre subrepticement la deuxième règle de la méthode cartésienne.
De l'alphabet cunéiforme, des tablettes d'argile et du stylet romain jusqu'au roman faulknerien, Pierre Bergounioux retrace l'histoire de la lettre. L'écriture de Pierre Bergounioux est dans le combat, elle est le combat lorsqu'il s'agit de remettre de l'ordre dans la mémoire. Les armes viennent tempérer l'autonomie sacrée de la littérature en en soulignant la relativité historique.
Les millénaires sont convoqués, la lumière brille sur un monde enfoui derrière les signes : le corps de la lettre est celui du temps, son épaisseur est sondée.
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Heureux les paresseux au soleil accoudés sur les parapets de cette pierre d'un blanc si pur dont les «Ponts et Chaussées» bâtissent leurs digues et brise-lames ! D'autres sont couchés à plat ventre sur les blocs avancés que le flot peu à peu ronge, fissure et désagrège. D'autres pêchent ; se piquent les doigts sous l'eau aux ambulacres des oursins, attaquent du couteau les coquilles collées aux roches. Il y a, tout autour des ports, une faune de tels oisifs, mi-philosophes, mi-mollusques. Point de compagnons plus agréables pour un poète. Ils sont les véritables amateurs du Théâtre Marin :
Rien de la vie du port qui leur échappe.
Paul Valéry invite l'oeil des hommes à se perdre, à plonger dans une rêverie abyssale : il scrute l'esprit comme on caresse l'horizon et livre un hymne à la mer gorgée de poésie. Si l'on sait la place qu'occupe la Méditerranée dans l'oeuvre du penseur sétois, sa réflexion déborde ici d'une passion intimement libératrice : le poète est à nu.
Cette publication s'inscrit dans la collection menée en collaboration avec le musée Paul Valéry :
Petit format à petit prix pour servir les textes les plus essentiels.