A la veille de la Seconde Guerre mondiale, Felix Kersten est spécialisé dans les massages thérapeutiques. Parmi sa clientèle huppée figurent les grands d'Europe. Pris entre les principes qui constituent les fondements de sa profession et se convictions, le docteur Kersten consent à examiner Himmler, le puissant chef de la Gestapo. Affligé d'intolérables douleurs d'estomac, celui-ci en fait bientôt son médecin personnel. C'est le début d'une étonnante lutte, Felix Kersten utilisant la confiance du fanatique bourreau pour arracher des milliers de victimes à l'enfer.
Joseph Kessel nous raconte l'incroyable histoire du docteur Kersten et lève le voile sur un épisode méconnu du XXe siècle.
Dans Cobalt blues le journaliste Erik Bruyland plonge dans l'histoire postcoloniale de son pays natal, la République Démocratique du Congo. Le passé colonial belge s'est transmué en scènes quasid'esclavagedanslesmineslesplusrichesaumonde. Alors pourquoi ce pays tellement riche est-il si pauvre ? Son travail fouillé de journalisme d'investigation dévoilecomment desopportunistes et despéculateursont -commedesvautours -pu mettremain-bassesurlesrichesses minières. Bruyland détricote les carrousels économiques et financiers et les manigances géopolitiques qui ont abouti à la tragédie du Cobalt blues: l'or bleu qu'engrangent des sociétés offshore, la sueur noire n'en récoltant rien. Et tout ça pour satisfaire notre besoin de téléphones intelligents ou de voitures électriques. Une analyse tranchante du dépérissement économique et politique de la RDC,avecenmiroirlerôleetlaresponsabilité del'ancien colonisateurbelge.
Il n'y a pas si longtemps, la laïcité allait de soi, unissait tous les Français, et nous distinguait des autres.Voilà qu'aujourd'hui elle nous divise.Dans ce court et vigoureux essai pédagogique, Patrick Weil repart du passé pour réparer le présent et préparer l'avenir. Car l'histoire de la loi de 1905, matrice juridique de la laïcité, fournit en réalité toutes les armes pour apaiser les querelles d'une France en guerre avec elle-même.Ceux qui cherchent une boussole pour la pratique de la laïcité dans des situations précises trouveront ici une réponse informée et raisonnable; ceux qui veulent en expliquer la notion à leurs enfants, amis, collègues, comprendront à la fois sa genèse et sa force:garantie de la liberté et de l'égalité des citoyens dans leurs options spirituelles, elle demeure la clé de voûte de notre République.
L'opposition entre de Gaulle et Mitterrand met dos à dos un homme qui lutte contre l'effondrement d'une civilisation et un individu qui se moque que celle-ci disparaisse pourvu qu'il puisse vivre dans ses ruines à la façon d'un satrape. Le premier donne sa vie pour sauver la France; le second donne la France pour sauver sa vie. L'un ressuscite Caton; l'autre réincarne Néron. De Gaulle se sait et se veut au service de la France; Mitterrand veut une France à son service. L'un sait avoir un destin; l'autre se veut une carrière. L'un a laissé une trace dans l'histoire; l'autre pèse désormais autant qu'un obscur président du Conseil de la IV? République. L'un a fait la France; l'autre a largement contribué à la défaire...Ce portrait croisé se lit comme une contre-histoire du XX? siècle qui nous explique où nous en sommes en même temps qu'elle propose une politique alternative qui laisse sa juste place au peuple:la première.M.O.
Le Vercors, pour Antoine de Baecque, c'est le souvenir des randonnées de jeunesse, sous les falaises du Grand Veymont, dont il retrouva, ému, les journaux à la mort de son père. Un lieu où il retourne aujourd'hui, quatre décennies plus tard, pour fouler les sentiers, trébucher sur ses souvenirs, ramasser et conserver feuilles, fleurs ou cailloux glissés dans la chaussure ; autant de moments qu'il savoure et partage, à l'orée de la vieillesse, en amoureux passionné de la marche.
Cette forteresse naturelle est aussi un refuge, où l'on croise la grande Histoire, celle des chemins ardus empruntés par les maquisards et des grottes où s'abritaient les figures de toutes les résistances. En alternant chronique intime, historique et carnet de voyage, les mots de l'auteur marcheur retournent aisément au passé, pour se confronter à sa présence in situ, révélant des scènes de fiction troublantes et envoûtantes.
Voici vingt énigmes qu'on s'épuise à élucider, parfois depuis des siècles : on s'en irrite souvent, mais elles conservent le charme des secrets de famille. Certaines, pourtant, ont influé sur les destinées du monde. Le monothéisme d'Akhenaton, l'existence de l'Atlantide, le tombeau d'Alexandre, la personnalité de Shakespeare, la disparition de l'ambassadeur Bathurst, le linceul de Turin, la seconde vie du tsar Alexandre, l'assassinat de Kennedy, l'attentat contre Jean-Paul II, la mort de lady D. n'en sont que quelques-unes... Autant d'épisodes qui continuent d'intriguer et de faire douter... jusqu'à la parution de cet ouvrage.
Un outil indispensable pour comprendre notre histoire.
Accessible à tous, cet atlas est le plus complet jamais publié sur l'histoire de la France.
375 cartes racontent toutes les étapes de l'histoire de notre pays, de ses origines les plus lointaines à nos jours.
En s'appuyant sur le fonds cartographique de L'Histoire et grâce au concours de grands historiens, les auteurs ont pu réaliser un atlas à la fois exhaustif et à la pointe des dernières avancées de la recherche.
En 1541, Gonzalo Pizarro et son lieutenant, Francisco de Orellana, partent de Quito à la recherche du « pays de la Cannelle » et du mythique El Dorado. À la tête d'une expédition de deux cents hommes, ils arrivent exsangues et les pieds nus de l'autre côté des Andes. Perdus dans un labyrinthe marécageux, voyant leur nombre diminuer chaque jour, les deux conquistadors prennent la décision fatidique de se séparer. Orellana et cinquante-sept soldats descendront un peu plus bas sur la rivière Napo à la recherche de vivres, tandis que les autres les attendront.
Pas un instant Orellana ne se doute que cette expédition de ravitaillement se transformera en exploration d'un continent. Sur son bateau de fortune, il croisera bientôt le cours du mystérieux Marañon, un fleuve aux dimensions gigantesques sur les eaux duquel il rejoindra l'océan.
Buddy Levy raconte l'aventure extraordinaire de ces hommes qui descendirent pour la première fois l'Amazone au péril de leur vie, confrontés aux dangers et aux mystères d'un monde inconnu.
Dans ses dernières années, le grand écrivain américain James Baldwin a commencé la rédaction d'un livre sur l'Amérique à partir des portraits de ses trois amis assassinés, figures de la lutte pour les droits civiques : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King Jr. Partant de ce livre inachevé, Raoul Peck a reconstitué la pensée de Baldwin en s'aidant des notes prises par l'écrivain, ses discours et ses lettres. Il en a fait un documentaire - salué dans le monde entier, sélectionné aux Oscars et remportant le César 2018 - aujourd'hui devenu un livre, formidable introduction à l'oeuvre de James Baldwin. Un voyage kaléidoscopique qui révèle sa vision tragique, profonde et pleine d'humanité de l'histoire des Noirs aux États-Unis et de l'aveuglement de l'Occident.
Président incompétent, dérèglement climatique, tueurs fous, etc. : les problèmes de l'Amérique de 1927 sont ceux d'aujourd'hui... Mais cette Amérique-là est aussi celle de Lindbergh traversant l'Atlantique sans escale, celle de l'invention du cinéma parlant et de la télévision, celle d'Al Capone et de Ford, de Disney ou de Coolidge, l'indolent président qui avait horreur de serrer des mains... Bryson la raconte avec jovialité et érudition.
Cette ville - celle de mon enfance - a tout eu, tout reçu, tout connu. Des empereurs et des sultans, des personnages de légende, des artistes raffinés, des architectes géniaux, des favorites diaboliques et des marchands d'armes d'une habileté hors du commun. On s'y régale de mets d'une rare finesse, on y hume des senteurs troublantes, on déambule au milieu de bruits jamais entendus, on y vit des passions qu'il vaut mieux taire, et lorsque l'on se trouve sur l'une de ses collines, où que se porte le regard, on a le sentiment d'être au Royaume des royaumes.
Tout, ici, étonne, surprend, émerveille. Sommes-nous à Byzance, Constantinople ou Istanbul ? Devant une église orthodoxe ou une mosquée ? Dans une citerne ou une basilique ? Le quartier que nous visitons est-il grec ? Juif ? Génois ou vénitien ? Sommes-nous rive gauche ou rive droite de la Corne d'Or ? Face au Bosphore, à la mer Marmara ou à la mer Noire ? Où irons-nous déjeuner, tout à l'heure, en Europe ou en Asie ?
Cette histoire des Etats-Unis présente le point de vue de ceux dont les manuels d'histoire parlent habituellement peu. L'auteur confronte avec minutie la version officielle et héroïque (de Christophe Colomb à George Walker Bush) aux témoignages des acteurs les plus modestes. Les Indiens, les esclaves en fuite, les soldats déserteurs, les jeunes ouvrières du textile, les syndicalistes, les GI du Vietnam, les activistes des années 1980-1990, tous, jusqu'aux victimes contemporaines de la politique intérieure et étrangère américaine, viennent ainsi battre en brèche la conception unanimiste de l'histoire officielle.
Alors que l'Europe, jadis triomphante, se trouve ravagée, appauvrie et divisée au sortir de la Première Guerre mondiale, un concept prometteur se diffuse dans les milieux dirigeants et intellectuels du Vieux Continent : l'Eurafrique !
Faire du continent africain le ferment de l'unité européenne : tel est le projet de Richard Coudenhove-Kalergi, chantre du mouvement paneuropéen, et de nombre de ses contemporains dans l'entre-deux-guerres. Le salut de l'Europe, affirment-ils, repose sur sa capacité à exploiter en commun les richesses des colonies africaines. Rivalisant avec la puissance montante des continents américain et asiatique, l'Eurafrique deviendra ainsi le pôle dominant de la géopolitique mondiale.
Le projet eurafricain, un temps caressé par les régimes fascistes, renaît de ses cendres après 1945 et inspire les « fondateurs » de l'Europe : Jean Monnet, Robert Schuman, Paul Henri Spaak, Konrad Adenauer. La France, principale puissance coloniale d'Europe continentale, joue alors un rôle essentiel. Malmené en Indochine puis en Algérie, Paris s'accroche à ses possessions africaines et fait de leur inclusion dans le marché commun européen une condition sine qua non à sa participation à la construction européenne.
C'est ce dossier qu'ouvrent Peo Hansen et Stefan Jonsson. Proposant une analyse inédite des négociations qui aboutiront à la signature du traité de Rome en 1957, ils dévoilent un pan méconnu de l'histoire de l'Union européenne : ses origines coloniales.
Ce livre efface la coupure aussi traditionnelle qu'arbitraire entre le Moyen Âge et l'époque moderne. C'est toute cette période, de Charles VII à Henri II, qui est placée sous le signe «des» Renaissances. La fin de la guerre de Cent Ans et des grandes crises socio-économiques, au milieu du XV? siècle, est effectivement le point de départ d'un renouveau général, des hommes, des échanges, des richesses... La période 1453-1559 est alors entraînée dans un mouvement de floraison, de dynamisme et de créativité en de multiples domaines; c'est ce siècle effervescent qui, en définitive, correspond bien à l'appellation de «beau XVI? siècle».Il s'agit bien ici d'un «certain regard» sur le temps des Renaissances. La dialectique du changement (emblématique des représentations sur la période) et des continuités suppose d'évaluer avec justesse l'ampleur des mutations. Elle nourrit le débat, déjà ancien, sur la «modernité» de la Renaissance:s'agit-il de l'enfantement d'un monde nouveau ou du point d'aboutissement d'un certain rapport au monde, issu des derniers siècles médiévaux? Cette interrogation permet de tisser la trame qui sépare ce temps lumineux des Renaissances des ténèbres des guerres de Religion...
Après l'accumulation d'horreurs de la première moitié du XXe siècle qui avaient conduit « l'Europe en enfer », les années 1950 à 2018 apportèrent la paix et une prospérité relative à la majeure partie de l'Europe.
Malgré d'immenses progrès économiques, l'Europe était désormais un continent divisé, vivant sous une menace nucléaire. Ses habitants perdirent la maîtrise de leur destin, dicté par la guerre froide qui opposait les États-Unis et l'URSS, et se trouvèrent « précipités » dans une série de crises qui menaçaient de les faire basculer dans la catastrophe. Il y eut aussi des succès éclatants : la dissolution du bloc soviétique, la disparition des dictatures et la réunification de l'Allemagne. L'accélération de la mondialisation, la dérégulation financière, la naissance d'un monde multipolaire, la révolution des technologies de l'information ont fait entrer l'Europe dans une nouvelle ère de fragilités et d'incertitudes.
Puisant ses exemples à travers tout le continent, ce livre remarquable éclaire puissamment l'histoire du temps présent et jette un regard prudent sur notre futur.
Celle que l'on surnomma en son temps la Vierge Rouge reste un objet de fascination : qu'il s'agisse de condamner son tempérament exalté lors de la Commune de Paris ou d'admirer son héroïsme, de considérer son jugement politique et son activisme social ou d'apprécier l'institutrice anticonformiste, l'image a gardé tout son éclat .Le mystère « Louise Michel » a fait couler beaucoup d'encre. Les biographies romancées et les prétendues autobiographies foisonnent. Pour les écrire, chacun pioche dans les textes de la révolutionnaire, se sert, gomme ou remanie... Comme si, pour faire connaître la « vie » de Louise Michel, on commençait par oublier qu'elle en a été elle-même l'autrice. Comme s'il fallait commencer par la faire taire - au fond, comme si elle dérangeait toujours.
Dans ses Mémoires de 1886, on découvre une Louise Michel tour à tour adolescente facétieuse, institutrice féministe, révolutionnaire patentée, déportée en Nouvelle-Calédonie, combattante anarchiste, passionnée d'art et de science, enthousiaste de la nature... On découvre aussi la Louise Michel qui pense, qui parle et qui écrit, la plume acérée, la sensibilité à vif, la conscience intrépide.
La France est aujourd'hui le pays qui compte les populations juives et musulmanes les plus importantes du continent européen.
Juifs et musulmans de la France coloniale à nos jours propose une nouvelle lecture de l'histoire des relations entre ces deux populations depuis le XIXe siècle. Une histoire située de part et d'autre de la Méditerranée qui, après la décolonisation, se poursuit en France métropolitaine.
Ayant partagé la même langue et la même culture pendant près d'un millénaire, les juifs et les musulmans du Maghreb ont vu leurs destins collectifs bouleversés par la colonisation française. La conquête coloniale de l'Algérie, puis la mise sous protectorat de la Tunisie (1881) et du Maroc (1912) transforment les sociétés maghrébines. Elles tendent parfois à rapprocher juifs et musulmans dans une même communauté de destin, tantôt au contraire à les séparer selon différentes lignes de fracture et à les déterminer à quitter leur terre natale. Ces départs, de gré ou de force, se font majoritairement vers la France où la vie intercommunautaire se recompose difficilement. Malgré de nombreux points communs, la séparation se creuse.
Appuyé sur les recherches les plus récentes et en grande partie inédites au public francophone, ce catalogue richement illustré réunit autour de Benjamin Stora, Karima Dirèche et Mathias Dreyfuss un collectif international d'auteurs spécialistes de la question. Leur objectif : sortir des sentiers battus d'une histoire mal connue, et souvent réduite aux tensions actuelles et à l'image de « frères ennemis ».
Depuis 2014, Alain Frachon tient chaque semaine une chronique célébrée pour son style et sa vista. Fin du mandat de Barack Obama et présidence disruptive de Donald Trump, crises et guerres à répétition au Moyen-Orient (Syrie, Liban, Iran ,Irak, califat...) grand retour de la Russie et jeu trouble de la Turquie, affaiblissement spectaculaire de l'Occident face à l'irrésistible ascension de la Chine ; sur tous ces sujets, l'auteur pèse, compare, argumente sans oublier de décocher des piques en totale liberté de l'esprit, dans la lignée de Raymond Aron et Pierre Hassner.
Pour cette édition, il a choisi une petite centaine de ses chroniques, toutes revues et révisées. Une préface très personnelle et un essai inédits sur la chine, complètent l'ensemble, augmenté d'une chronologie et d'un index.
Un tableau magistral d'un changement radical qui signe peut-être la fin de l'Occident.L'histoire d'un septennat qui compte pour un siècle !
Cette nouvelle histoire de l'Islam est une synthèse inédite et sans équivalent pour connaître l'islam des origines et comprendre celui d'aujourd'hui.
L'islam au XXIe siècle est traversé par des crises multiples. Des mouvements intégristes invoquent comme modèle de société la première communauté de fidèles incarnée par le prophète Muhammad et ses compagnons. Certains cherchent à imposer la charia, loi islamique basée sur cette société idéalisée.
Des extrémistes utilisent des références à certains extraits du Coran et des Hadiths pour justifier des actes de barbarie meurtrière contre ceux qu'ils identifient comme kouffar (infidèles), y compris des musulmans qui ne partagent pas leur fanatisme.
Ce livre a pour ambition de fournir une nouvelle mise en perspective de l'histoire de l'islam depuis ses origines. Il montre comment ce dernier né des trois grands monothéismes se développe, quels sont ses fondements et ses mutations, ses divisions et sa diffusion sur tous les continents, depuis Médine et La Mecque, jusqu'aux confins de l'Indonésie.
Créé par décret impérial en juillet 1857, le premier bataillon de tirailleurs n'a de sénégalais que le nom : en effet, ce corps de militaires constitué au sein de l'empire colonial français regroupe en réalité toute la « force noire » - c'est-à-dire les soldats africains de couleur qui se battent pour la France.
Si les études portant sur le rôle des tirailleurs sénégalais dans les deux conflits mondiaux sont légion, rares sont les ouvrages qui retracent toute leur histoire, de la création de ce corps au XIXe siècle à sa dissolution en 1960. S'intéressant aux trajectoires collectives comme aux destins individuels (le militant Lamine Senghor, le résistant Addi Bâ ou encore le Français libre Georges Koudoukou), Anthony Guyon propose ici la première synthèse globale sur le sujet. Il revient sur les moments de gloire de cette armée - comme la défense de Reims en 1918, la bataille de Bir Hakeim en 1942 ou l'opération Anvil en 1944 -, autant que sur les tragédies qui jalonnent également son parcours (citons notamment les terribles massacres commis par la Wehrmacht à leur encontre lors de la campagne de France).
Loin des habituels clichés qui font que, aujourd'hui encore, l'iconographie dégradante incarnée par « Y'a bon Banania » demeure l'un des premiers éléments associés à l'identité des tirailleurs sénégalais, cet ouvrage à la fois complet et accessible illustre toute la complexité de leur position à mi-chemin entre les sociétés coloniales et l'autorité métropolitaine. À mettre entre toutes les mains.
Les révolutions ne se prêtent pas aux récits linéaires. Elles sont de véritables séismes qui, en renversant l'ordre établi, renouvellent les horizons d'attente et font advenir des idées, des imaginaires et des canons esthétiques nouveaux.
Pour en mesurer les forces et les puissances de transformation, mais aussi les tensions et les contradictions, Enzo Traverso compose une constellation d'« images dialectiques », où se télescopent les « locomotives de l'histoire » de Marx et le « frein d'urgence » de Walter Benjamin, les corps sexuellement libérés d'Alexandra Kollontaï et les corps disciplinés pour bâtir la « société nouvelle », la création d'images et de symboles (la barricade, le drapeau rouge, les chansons et rituels...) et la furie iconoclaste.
Au croisement de l'histoire intellectuelle, de l'histoire visuelle et de la théorie politique, ce livre montre que l'idée de révolution offre une clé d'intelligibilité de la modernité, jusqu'à notre présent, où elle continue d'informer souterrainement notre rapport au futur et au possible.
« Pour celles et ceux qui aspirent à façonner un autre ordre des choses, le récit d'Enzo Traverso est essentiel. Pour celles et ceux qui veulent réfléchir à ce qui anime les révolutions ou en fait des naufrages, cet ouvrage rare parcourt le globe et les bibliothèques, s'intéressant à Phnom Penh et La Havane, et pas seulement à Paris et Moscou, et pensant avec Weber, Arendt, Fanon et Constant, et pas seulement avec Trotski, Lénine et Mao. » Wendy Brown, professeure de sciences politiques àl'université de Berkeley.
Les onze Muses du Grand siècle.
Il existe de nombreuses biographies de femmes célèbres au XVIIe siècle, gravitant immanquablement autour de Versailles. Mais la présentation d'une galerie de onze portraits thématique, rassemblant à la fois de grandes dames de la spiritualité, de la vie culturelle et littéraire et de la politique, est une démarche originale et qui n'a pas d'équivalent. Alors que le thème de la femme est très largement abordé dans l'édition contemporaine, tous siècles confondus, sous l'angle de la condition féminine, le propos tenu par Marie-Joëlle Guillaume, spécialiste du XVIIe siècle, se décentre, voire se renverse : c'est la force de leur empreinte sur la civilisation du XVIIe siècle qui est mise en valeur. S'ajoutent aux portraits fameux des figures moins illustres mais tout aussi essentielles : Barbe Acarie, Louise de Marillac, Marie de l'Incarnation, Angélique Arnauld, Catherine de Rambouillet, Madeleine de Scudéry, Mme de Sévigné, Mme de Lafayette, duchesse de Longueville, Anne d'Autriche et Mme de Maintenon. Ils permettent une plongée concrète et très humaine dans les mentalités de l'époque, de Corneille à Port-Royal. Enfin, cet ouvrage enlevé offre une " défense et illustration " de la civilisation du Grand Siècle, dont l'appellation suggère l'excellence. Une excellence incarnée par des femmes d'élite qui en furent les actrices et les inspiratrices.
La France de 1870 à 1914 entame un temps de la politique qui se confond largement avec la promesse républicaine. Après une décennie marquée par la guerre étrangère et inté-rieure, la domination des monarchistes et des combats pour la liberté, une dynamique démocratique s'instaure dans la jeune IIIe République. Elle ne se limite pas à la vie des ins-titutions, à la pratique gouvernementale ou à l'exercice du suffrage. Des questions nouvelles sont posées aux Français, qui s'en emparent et imaginent leur République. Les oppositions nationalistes et même antisémites restent toujours vives et menacent à plusieurs reprises, comme durant la crise boulangiste et l'affaire Dreyfus, ce processus fondamental de démocratisation qui irrigue une société tout entière. Bornée à l'origine par la guerre de 1870 et la Commune et à la fin par le conflit européen de 1914, la France de 1870 à 1914 est parvenue à s'extraire de ces engrenages, inaugurant une « Belle Époque » qu'avait préparée une riche « fin de siècle ». L'ouverture au monde - que ne résumait pas une colonisation impériale et destructrice -, l'expérience politique et sociale, les engagements démocratiques, les audaces artistiques, la découverte des espaces et des temps fondent une histoire à écrire et décrire ici. Elle est constitutive du présent et de l'avenir.