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Espaces 34
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C'est l'histoire d'un retour, peut-être le plus fameux de la littérature, le retour d'Ulysse. Poème de la force, éloge de la gloire, cela fait vingt-neuf siècles que l'on s'incline.
Dix ans de guerre, dix ans pour revenir. Et tout du long, violence, meurtres, mais aussi amour, larmes et solitude. Les femmes y sont des déesses, des amantes, ou des épouses. Car l'Odyssée est un récit d'hommes.
Hécube n'y figure pas, elle qui symbolise le massacre de Troie. Pénélope apparaît dans quelques lignes, seule son attente fidèle est brandie par les hommes. Et Calypso avec qui Ulysse passe le plus de temps (sept années presque huit), se rend aussi quoiqu'elle l'aime vraiment.
Ulysse veut rentrer chez lui, à Ithaque. Être un héros vivant. Ulysse est unique, tous ses compagnons sont morts. Pénélope comme Hélène ne sont que des prétextes. Mais ce que Pénélope a appris en vingt ans, il l'ignore. -
Une femme habille son petit garçon de cinq ans d'une combinaison de spationaute.
Pour le sauver d'un monde qu'elle pense condamné, elle veut le faire passer de l'autre côté d'un trou noir, sur une planète recouverte de forêts épaisses et profondes.
L'enfant se retrouve alors à des millions d'années-lumière de la Terre, dans cet autre monde.
Accompagné d'un vieil homme et d'une garde forestière, il part à la recherche d'un pays légendaire où n'existeraient ni la violence ni la dévastation et que sa mère appelle « Le pays innocent ».
Et si cette femme disait vrai ?
Et si elle avait véritablement sauvé son enfant ? -
Anna Bapst, jeune apprentie en cuisine dans un restaurant étoilé de l'est de la France, rentre dans la ferme familiale. Il est tard. Sa mère et son frère sont dans la cuisine. Ils l'attendent. Ils veulent savoir pourquoi elle n'est pas allée travailler, pourquoi sa mobylette a été vue près de l'ancienne colonie de vacances maintenant réquisitionnée par le département pour y héberger un petit groupe d'adolescents, mineurs isolés.
Quel est ce Marco et sa bande avec qui elle traîne et qui prône la haine nationaliste et le racisme ordinaire ? Qu'a-t-elle à voir avec le jeune passé à tabac là-bas ? Et comment Anna peut-elle oublier qu'elle est issue d'une famille de Justes ? -
Chacun peut faire partie de cette mise en oeuvre ludique ou` la pratique d'activite´s physiques et mentales, relaxantes ou intenses, invite a` vous de´passer dans un univers de plus en plus fantastique et poe´tique. Parviendrez-vous a` vous adapter aux re`gles scientifiques, techniques et commerciales de cette entreprise qui vous propulse de plus en plus haut, de plus en plus loin, au risque d'exploser, tourner en boucle, de´river... ?
Et tandis que ces individus aux aspirations diverses s'activent, e´mergent par touches des questions essentielles : que fait le capitalisme aux individus, comment le vivant-il est manipule´ pour s'inte´grer au syste`me, peut-on y re´sister, quelle est la puissance de l'humain face au tout digital, comment survivre dans une nature pie´tine´e ? -
Camille est partie, elle a laissé Marc et les enfants. La vie continue, Lucie avec son piano, Paul avec ses questions et ses chansons, et les petits déjeuners, à trois. Camille roule en voiture le long de la mer, imagine les enfants grandir, Marc vieillir. Parfois, dans la maison, elle apparaît, elle parle à l'un, à l'autre.
Qu'est-ce qui est vrai, réel ? Qu'est-ce qui est imaginé ?
Récits, dialogues, voix intérieures, rumeurs nouent un étrange suspense.
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Des images. Publiques et intimes. La photographie d'une soldate américaine tenant en laisse un prisonnier dans la rison d'Abu Ghraib. Le ventre d'une mère. Les mots doux et cruels d'une femme aimée.
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La véritable histoire de Thelma et Louise
Marion Guilloux
- Espaces 34
- Theatre Contemporain
- 6 Juin 2024
- 9782847053067
Trois femmes. Thelma, Louise et Celle qui... Les deux premières, issues de la culture populaire et du cinéma américain, sont une trace vivante du refus de la vie monotone et de l'asservissement perpétré par la domination masculine. Celle qui... s'en souvient. Venue d'une autre époque, elle réinvoque leur puissance et leur pouvoir de résistance : celui du « Non » qui peut engendrer la métamorphose.
Lors de la traversée hypnotique de l'Amérique, les voix se répondent, s'enchâssent, se remémorent, jusqu'au fameux saut final.
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La mer est devenue un cimetière, les bateaux de ceux qui fuient sombrent, encore, toujours. On n'en parle quasiment plus. Pourtant cela continue, chaque jour.
Par la voix d'une femme navigatrice et sauveteuse, la réalité des faits se heurte à celle des chiffres. Cette parole nous emporte dans le quotidien des sauvetages, des gestes, de l'empathie et des colères, de l'échec aussi. Et de l'indignation : comment acceptons-nous que l'absence de décision politique fasse perdurer un état d'inhumanité dont on ne parle quasiment plus.
Comment à l'urgence de sauver des vies ne répond pas une urgence politique à agir ?
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Pour la premie`re fois de sa vie sexuelle, une femme, ELLLE, se trouve en pre´sence d'un homme, LUI, qui se soucie, et ne se soucie que, de son plaisir a` elle et qui pratique avec art le kunyaza. On se demande jusqu'ou` ira cette aventure quand l'e´poux, L'AUTRE, survient et contraint Lui a` prendre l'engagement de ne plus jamais s'approcher de Elle.
Contrairement aux apparences, il ne s'agit pas d'une trahison. L'autre a, en effet, ordonne´ a` Elle de prendre cet amant pour obtenir une grossesse afin de satisfaire son honneur et sa virilite´. Mais il n'avait pas imagine´ qu'Elle puisse de´couvrir le plaisir et e´prouver de la jouissance dans les bras d'un autre. Et cela lui est intole´rable.
Soumise, manipule´e, Elle cependant s'e´veille a` elle-me^me. La re´volte pointe. La laissera-t-on s'engager sur le chemin d'une possible e´mancipation ? Les lois sociales, le carcan patriarcal, la frustration d'un e´poux auront- ils raison d'elle ? -
Des jeunes femmes. Elles ont des vies singulières, nées dans l'adversité, bordées d'épreuves. Le monde, la société, l'époque n'y sont pas pour rien.
Elles n'ont pas l'habitude de parler d'elles, encore moins qu'on parle d'elles. Elles doutent de leur usage de la langue.
Si on prête attention à ce qu'elles disent, à comment elles le disent, on entend l'histoire, sinon la vraie, du moins la nécessaire, celle qu'il faut dire pour être soi. Le corps de la langue est aussi leur corps. -
Comment éprouver le sentiment d'être en vie, le préserver, garder la beauté ? C'est ce qu'interroge Claudine Galea dans un texte à la lisière des genres qui creuse la matière-même de l'écriture par une langue multiple (souvenirs, propos, fantasmes, ressouvenirs, citations, extraits...). L'écriture est ici dans la chair.
Si elle parle nommément, clairement, de son histoire (son père, la guerre d'Algérie, les souvenirs de cela), l'écrivaine est aussi devant nous habitée par la présence vivante de la littérature, sans distinction entre passé et présent (Büchner mais aussi Falk Richter, un « frère » d'écriture). Comme une communauté de personnages et d'êtres hantés qui nourrissent et portent la pensée, la dramaturgie, la langue, le possible d'une écriture.
Aucune considération nombriliste mais une transcendance vers des questions essentielles, existentielles.
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Sur une place déserte, dans la cité du Belvédère, la canicule rend le bitume collant. Nil, 10 ans, s'en fiche. Solitaire, elle peaufine la chorégraphie qu'elle a l'intention de présenter lors de la fête du quartier. À ses côtés, son ami Griotte, 9 ans, rêve et observe les nuages trop rares dans le ciel désespérément bleu. Lui espère le retour des hirondelles, depuis trop longtemps absentes.
Sur cette place, il y aussi une serre, en verre fumé, que l'on dit abriter le dernier arbre du quartier...
Soudain, par un énième jour caniculaire, Ursula, 10 ans, surgit et pénètre dans la serre, pourtant fermée à clef : Est-ce une menace pour le dernier arbre ? Qui est-elle vraiment ?
Par son langage décalé et poétique, son mystère, son audace tranquille, Ursula laisse entrevoir l'existence d'un monde de beauté et de vie : oiseaux, plantes, insectes, animaux, la terre elle-même, avec les sons, les odeurs... dans lequel s'engouffrent les deux enfants. Le trio fait alors cause commune et s'allie au lierre pour déjouer la fourberie mercantile de Vitalenergies, une entreprise qui règne sur la cité et veut imposer sa loi.
Révolutionnant leur vision du monde, Nil et Griotte renoueront avec le vivant et prêteront attention aux voix qui le composent. Ils entameront ainsi une quête intime et sensorielle, pleine de joie et de surprises. -
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Une femme travaillant dans l'aide sociale à l'enfance est mise à pied. Elle est manifestement une très bonne soignante. C'est l'institution qui dysfonctionne. La violence que vit la petite enfance est terrible. Le rapport à l'intime l'est aussi. Le rapport au pouvoir de l'institution est ravageur. La pièce se déploie autour de trois axes de parole : l'éducatrice qui parle à l'enfant, l'éducatrice convoquée par la, les différentes instances / l'éducatrice qui se souvient de ce qui s'est dit / l'éducatrice chez son psychiatre.
Une éducatrice est mise à pied après avoir alerté sa hiérarchie sur les violences physiques perpétrées par un de ses collègues sur une petite fille qu'elle suit dans un foyer d'enfants maltraités.
Une éducatrice d'une Maison de la Protection de l'Enfance se souvient de sa mise à pied décidée par la direction après qu'elle a dénoncé les violences exercées par un de ses collègues contre une enfant. Elle se souvient des collègues qui l'ont soutenue et du déni de la direction. Elle se souvient aussi des rendez-vous réguliers qu'elle avait avec Jenna, cette enfant violentée par sa famille puis par l'institution. Elle se souvient des jeux et des paroles de l'enfant, de sa parole qui se libère sur les violences qu'elle a subies et les violences et les démons qui désormais l'habitent. -
Nono - dont la tête est parfois ailleurs - n'a qu'une idée depuis toujours : faire une gigantesque fiesta pour ses dix ans. Il rebat les oreilles de ses copains avec la couleur des guirlandes, les gâteaux et la playlist que son papa diffusera ce jour-là. Seulement, quand la tempête Marie-Thérèse débarque et fait souffler sur le pays ses bourrasques furieuses, tout est remis en question.
Comment se retrouver tous ensemble pour cette fiesta alors que Nono habite dans l'immeuble d'en face ?
Que vont inventer les enfants pour continuer à communiquer entre eux ?
Quelles ressources vont-ils trouver en eux pour, malgré tout, découvrir et explorer le monde cadenassé, hygiénique, associable qu'on leur impose ?
Une pièce, bouillante et tendre, sur la force de l'amitié, la nécessité d'être ensemble, la rage de vivre et qui célèbre la vie sans en occulter les moments difficiles.
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Voltairine, 70 ans, est à un tournant de sa vie. Hier, la Tour 53 a été détruite. Aujourd'hui, sur les ruines de la Tour, elle vient dire adieu à ses souvenirs d'enfance. Mais quelqu'une se manifeste alors qu'elle n'y était pas conviée... C'est sa mère, qui lui apparaît sous les traits d'une jeune femme, à l'époque où elle, Voltairine, était encore une petite fille.
Un ultime dialogue se noue entre une mère militante, dont les pieds ont toujours été sur terre, et une fille, dont la tête aime être dans les nuages de l'imaginaire. A moins que ce ne soit l'inverse ? -
Porto, par-delà les ruines
Manuel Antonio Pereira
- Espaces 34
- Theatre Contemporain
- 6 Juin 2024
- 9782847053074
Au Portugal, lors de la crise survenue en 2012-2014, une politique d'austérité des plus ardues est préconisée par un pouvoir impuissant à redresser l'économie. Cette période voit l'immigration portugaise atteindre des pics de neuf mille personnes par mois. Porto ressemble davantage à un mini Détroit ou une petite Havane, et laisse entrevoir dès qu'on s'écarte du centre des rues plus vétustes, aux murs délabrés, aux carrés de faïence ébréchés. Çà et là, un incroyable nombre de maisons, de commerces ou de galeries marchandes, abandonnés. C'est la visite de ce Porto-là qu'Ana et Paulo ont l'audace de proposer à des touristes éclairés, dans cette balade urbanistique qu'ils appellent le Off-road Tour...
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Un bruissement de fourmilières
Adeline Flaun
- Espaces 34
- Theatre Contemporain
- 14 Novembre 2024
- 9782847053159
Dans une propriété boisée en Martinique, Elisenda, septuagénaire, perd la mémoire. Lucien, la cinquantaine, aide-soignant afro-descendant en réinsertion professionnelle, s'occupe d'elle.
Lors de ses visites quotidiennes, Elisenda évoque son départ de Barcelone pour fuir le régime franquiste avec son père républicain, les camps en France, puis sa jeunesse à Marseille avant d'être recueillie en Martinique par un béké.
Dans la confusion de ses souvenirs, elle prend Lucien pour un autre, ce soldat venu d'Oubangui-Chari pour combattre les nazis en janvier 1945. Cette rencontre d'un soir la marqua à un point tel qu'elle se lança dans l'exploitation de bois précieux et la culture de la banane, d'abord sur l'île puis au Cameroun.
Lucien, de son côté, est tiraillé entre la compassion qu'il ressent pour Elisenda, ses réflexions post-coloniales sur le rapport de classes et son propre passé : à la suite d'un tragique accident, il a affronté la prison pendant une quinzaine d'années.
Tandis que s'aggravent les troubles d'Elisenda qui confond maintenant Lucien avec plusieurs autres, la rencontre entre ces deux solitudes a lieu, les menant chacun sur le chemin de la résilience et du pardon.
Tout autour, se fait sentir l'omniprésence de la nature et l'effet dévastateur des pesticides sur l'ensemble du vivant. -
Tandis que des habitations se vident, des travaux de démolition/reconstruction sont en cours afin de réhabiliter un ilot urbain et de donner un nouveau visage aux rues et aux bâtisses.
Un homme résiste. Il ne veut pas abandonner sa maison, ses pigeons, ce lieu où il a grandi. Il s'obstine malgré le départ de sa femme, l'hostilité des anciens habitants, les implacables lettres officielles d'expulsion, la dégradation des murs et de son environnement.
Avec lui, vit sa fille dont il prend soin, parfois avec maladresse, cherchant à lui enseigner de ne pas se résigner. Ellemême, confrontée également à la brutalité des autres enfants de son école, fait le récit d'une tendresse rude entre son père et elle, une solidarité.
Une pièce sur le déracinement forcé, l'agonie d'un homme par les yeux de sa fille. -
Pendant l'extermination, ceux qui maintenant sont morts se sont soulevés, ils ont écrit, enterré leurs récits, caché les livres : leur résistance face à la déshumanisation. Pour demeurer vivants. Par les mots.
Après l'extermination, c'est au témoin de prendre la parole. Il doit rendre visibles leurs traces, déterrer leurs mots, affronter l'Histoire, dire la nudité des faits. C'est lui qui parle pour l'absent, le mort, l'inaudible, le refusé, l'invisible.
En s'adressant, par-delà la Shoah, à tous les massacrés, Michel Simonot interroge le rôle du témoin, loin de tout pathos, et invite le mort à prendre part par lui-même à ce qui s'énonce dans une fiction poétique qui suit le récit et l'exposition brute de faits.
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Depuis mon corps chaud
Gwendoline Soublin
- Espaces 34
- Theatre Contemporain
- 28 Avril 2022
- 9782847052701
Deux monologues, deux voix, liées l'une à l'autre.
Lui se meurt à l'hôpital, s'adresse en pensées à une femme et livre par fragments des souvenirs, des détails, des visions, de sa vie cabossée.
Elle, une toute jeune fille de 19 ans est confrontée à son premier mourant. Elle l'accompagne, prend soin, observe. Comment côtoyer la mort, la peau des personnes âgées, les odeurs des corps souffrants ? Comment accompagner les derniers instants alors que la parole est impossible ? Toutes ces choses dont à priori on est loin à cet âge, fait de fêtes, de découvertes des corps jeunes et amoureux. Comment cela impacte-t-il possiblement la vie personnelle ?
Sans pourtant dialoguer un échange se noue, au-delà des mots intraduisibles. Tandis que le corps de l'un abandonne ce monde, l'autre y cherche une place, et fait face au vivant friable dont il sera un jour prochain, lui aussi, une trace oubliée.
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Une jeune femme revient dans les montagnes de son enfance, là où ont vécu ses parents, ses grands-parents, et les autres avant eux.
Elle retrouve avec plaisir les paysages familiers, les odeurs, les sensations, et le souvenir des jeux d'enfants. Elle découvre aussi d'anciennes photographies, enfermées dans une boîte rouge, et, les jours passant, une question se fait de plus en plus pressante : pourquoi les femmes de la famille portent-elles sur leur visage comme un voile ? pourquoi ne sourient-elles pas sauf parfois au tout début de leur jeunesse ? Cela se transmet-il de mère en fille ?
Petit à petit, au gré des promenades et de la rencontre des gens du bourg, un souvenir enfoui va aussi resurgir.
Ce retour à la source, tant physique que mnésique et sensoriel, s'apparente à une enquête intime et générationnelle qui va reconstruire le passé et éclairer le présent. Comme un passage obligé pour accueillir l'avenir. -
Suzy Storck est une femme au foyer qui mène une vie ordinaire dans une petite maison avec mari et enfants. Elle n'a qu'à veiller au bon fonctionnement des journées. Un jour d'été, quelque chose dérape. Sous le poids de la chaleur, sous le poids des gestes répétés, Suzy a un moment d'inattention. Elle sombre et, au fil des heures, visite son passé. Elle prend conscience de ses renoncements et formule son incapacité à vivre selon ses vrais désirs tandis que le soleil du soir tarde à se coucher, que les enfants chahutent, que rentre le mari.
Pendant ce temps, le drame s'est constitué.