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Bouquins
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Inventées par Jean-Marie Gourio en 1985, les « Brèves de comptoir » sont aujourd'hui un genre littéraire à part entière que citent abondamment les meilleurs dictionnaires. Rien n'est plus simple qu'une « brève de comptoir ». Cette phrase ou un bout de dialogue entendus dans un café et restitué sans intervention apparente de l'auteur mais prend toujours à la lecture une dimension insoupçonnée. Lire une « brève », c'est rire deux fois : d'abord d'un rire instinctif à l'énoncé d'une sottise ou d'une stupidité, puis d'un rire étonné et complice quand on s'aperçoit qu'on s'est fait prendre et que la phrase en question peut se lire d'une tout autre manière. De cette parole populaire qui coule inlassablement dans les lieux publics, Jean-Marie Gourio a cueilli les phrases qui traduisent pour lui les préoccupations de ses contemporains. Pendant quinze ans, accoudé au comptoir à toute heure du jour et de la nuit, il a guetté la trouvaille et l'a saisie en vol avec le geste adroit des chasseurs de papillons. À peine entendue, il l'a transcrite sans la déformer d'une virgule sur le petit carnet qu'il tient toujours enfoncé dans la poche de son gilet. Et l'acte de création littéraire commence alors : dans ce choix instantané de la phrase proférée et dans la discipline imposée et cruelle de ne jamais en modifier l'ordonnance. Cocasses et désopilantes, vulgaires ou poétiques, prosaïque ou oniriques, les « Brèves de comptoir » de Jean-Marie Gourio s'inscrivent dans la filiation des oeuvres de Raymond Queneau, de Jacques Prévert, de Marcel Aymé... de tous ceux qui ont tenu à faire entendre la parole française.
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Ce quatrième volume vient couronner la grande aventure des Brèves de comptoir commencée en 1985 au Relais Lagrange, un petit café de la place Maubert, à Paris, près des locaux de l'époque de Charlie Hebdo - là où j'ai entendu la première « brève » : « Est-ce qu'une plante carnivore peut être végétarienne ? » Elle a pris fin le 7 janvier 2015, jour de l'attentat contre Charlie, au bar La Closerie, en Haute-Savoie. Comme une tranche nette dans l'histoire de France des comptoirs.
On trouvera ici 1 200 « brèves » entendues dans des centaines de cafés, un peu partout, au hasard des déplacements. La musique des mots est là. L'absurde. La cocasserie. La poésie. La bêtise. Quand le réel du monde cherche à entrer dans une « brève » longue de quelques mots, il y a miraculeusement une grande place laissée au saugrenu. À la liberté aussi. Le détail inattendu, souvent, l'emporte.
Les Brèves de comptoir ont pendant trente ans mis en lumière cette parole des bars, fait reconnaître en elle une littérature légère et diffractée, sorte de rhétorique des courants d'air. Un verre de vin, un rayon de soleil, vient la pluie, naît le mot. Le comptoir est un terroir !
Ce tome IV de la collection « Bouquins » est un immense café. Entrez !
J.-M. G.
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C'est l'histoire d'une journée qui aurait dû être ordinaire mais finira dans le sang. Pedro Da Silva est un père de famille et mari aimant, bon patron maçon, citoyen tranquille. Après avoir quitté son domicile au petit matin, frais, plein de courage, il tue une mère et ses deux enfants en fin d'après-midi, les fauchant à un arrêt de bus au volant de son gros véhicule lancé à grande vitesse. Avec 2 grammes 40 d'alcool dans le sang. Sa femme, anéantie, dira aux policiers « Pedro ne boit jamais ! » Jean-Marie Gourio décrypte, heure par heure, rencontre après rencontre, verre bu après verre bu, gramme après gramme, à la manière d'une enquête policière, une mécanique redoutable : tout ce qui fait de ce jour ensoleillé un drame si douloureux qu'il fera la une des médias pendant plusieurs jours et projette deux familles dans l'horreur, mais des questions se posent autour de ce chauffard saoul. Qui sont les véritables acteurs de ce drame ? Qui a pu, sans savoir ou en sachant, sans se soucier de son état, se faire le complice de ce « meurtre » ? Est-ce seulement le « destin » ?
Le roman le plus simenonnien de l'auteur, fidèle à son univers des bistrots, lieux romanesques par essence.
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Elles sont toutes là, fidèles, déconcertantes, drôles, poétiques, désarmantes ; saisies au vol au cours de ces dernières années par un Jean-Marie Gourio imperturbable qui continue jour après jour à hanter ces bistrots que l'on croit condamnés mais qui résistent aux assauts des modes.
À travers le kaléidoscope surréaliste des Brèves émerge l'inconscient collectif d'une population qui commente sa propre histoire : la politique, les sciences, les moeurs, les faits divers, les événements de toute nature. Et surtout, Jean-Marie Gourio a su restituer la parole populaire de son temps. Parole spontanée, gouailleuse, grossière, scatologique, tendre, cruelle ou poétique. Parole trop souvent exclue du champ littéraire contemporain malgré sa permanence dans la littérature française de Rabelais et Villon à Queneau, Prévert ou Céline.
Tant qu'il restera un comptoir et un homme un peu ivre accroché à son verre, Jean-Marie sera à son côté, armé de son crayon et d'un de ces petits carnets Rhodia sur lesquels plus de 50 000 Brèves ont été méticuleusement recopiées.
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Brèves de comptoir ; coffret Tome 1 et Tome 2
Jean-marie Gourio
- Bouquins
- 31 Octobre 2002
- 9782221912973
Une collection unique, souvent imitée, jamais égalée, qui explore tous les champs du savoir et de la littérature et qui est devenue, en moins de trois décennies, la bibliothèque idéale de l'honnête homme de notre temps. Chez « Bouquins », nous publions aussi bien des dictionnaires d'histoire, de musique ou de littérature que des récits de voyage, des grands classiques de la littérature mondiale ou de l'art de vivre que des portraits de ville ou des textes sacrés. Ils ont été établis par les meilleurs spécialistes et font référence dès leur parution. « Bouquins » s'adresse à tous ceux qui ont la passion de lire et de découvrir, aussi bien à l'étudiant qu'au professeur ou à l'amateur de curiosités, bref à tous ceux qui croient encore qu'un bon livre reste l'un des plus merveilleux compagnons qui nous ait été donné depuis que Gutenberg, avec ses caractères de plomb et d'antimoine, ses moules en métal et ses poinçons, a permis aux textes, parfois tirés de la nuit de l'oubli, de rencontrer en Europe leurs lecteurs par milliers.
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Inventées par Jean-Marie Gourio en 1985, les " Brèves de comptoir " sont aujourd'hui un genre littéraire à part entière que citent abondamment les meilleurs dictionnaires. Rien n'est plus simple qu'une " brève de comptoir ". Cette phrase ou un bout de dialogue entendus dans un café et restitué sans intervention apparente de l'auteur mais prend toujours à la lecture une dimension insoupçonnée. Lire une " brève ", c'est rire deux fois : d'abord d'un rire instinctif à l'énoncé d'une sottise ou d'une stupidité, puis d'un rire étonné et complice quand on s'aperçoit qu'on s'est fait prendre et que la phrase en question peut se lire d'une tout autre manière. De cette parole populaire qui coule inlassablement dans les lieux publics, Jean-Marie Gourio a cueilli les phrases qui traduisent pour lui les préoccupations de ses contemporains. Pendant quinze ans, accoudé au comptoir à toute heure du jour et de la nuit, il a guetté la trouvaille et l'a saisie en vol avec le geste adroit des chasseurs de papillons. À peine entendue, il l'a transcrite sans la déformer d'une virgule sur le petit carnet qu'il tient toujours enfoncé dans la poche de son gilet. Et l'acte de création littéraire commence alors : dans ce choix instantané de la phrase proférée et dans la discipline imposée et cruelle de ne jamais en modifier l'ordonnance. Cocasses et désopilantes, vulgaires ou poétiques, prosaïque ou oniriques, les " Brèves de comptoir " de Jean-Marie Gourio s'inscrivent dans la filiation des oeuvres de Raymond Queneau, de Jacques Prévert, de Marcel Aymé... de tous ceux qui ont tenu à faire entendre la parole française.