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Emmanuelle Salasc
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«Je ne voulais pas admettre que guérir Clémence signifiait l'éteindre. Pas plus que nos parents, je ne saurais jamais ce qui chez elle nous attirait, nous repoussait. Je ne voulais pas le savoir.» Dans une vallée d'altitude, pendant l'été 2056, une sirène retentit. Au-dessus du village où vit Lucie, une poche d'eau nichée dans un glacier menace de rompre et d'engloutir la vallée. Quelque temps plus tôt, Lucie a reçu un appel de sa jumelle, Clémence. Disparue depuis trois décennies, celle-ci cherche un refuge dans la grange foraine où habite sa soeur. Mais avec le retour de Clémence, c'est toute l'enfance qui ressurgit. Lucie a grandi dans l'ombre de cette soeur, sa «petite catastrophe», qui peut constituer un danger pour elle-même comme pour ses proches. Les deux femmes parviendront-elles à se réconcilier et à éviter le pire ?
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Réédition d'un ouvrage paru en 2013 aux éditions P.O.L, sous le nom d'Emmanuelle Pagano.
Plus qu'un roman sur l'amour c'est une multitude de petits romans sur l'amour qui vont de quelques lignes à quelques pages, ou plutôt une prolifération de moments, d'instants romanesques. Mais cela n'a rien d'un recueil de nouvelles. Il n'y a pas ce souci d'une chute ni celui de raconter une histoire du début à sa fin. Plutôt, il y a la volonté d'aller au coeur d'une situation, d'une émotion, d'une pensée, au plus immédiatement profond, en quelques mots, en quelques notations. Et ça marche, puissamment, car Emmanuelle Pagano a le sens du détail révélateur, du détail qui à lui seul résume tout et fait surgir le sens.
Histoires et moment de rencontres et de ruptures, de sexe et de sentiment, histoires et moment de bonheur ou de tristesse, de désarroi, d'exaltation. Des femmes et des hommes ensemble. -
La famille, tout le monde en a une, même ceux qui n'en ont pas, même ceux qui en ont plusieurs. La famille, c'est l'endroit au monde où on est le plus aimé, le plus haï, le plus protégé, le plus violenté, le plus soutenu, le plus abandonné, le plus nié, le plus encouragé, le plus cajolé, le plus admiré, le plus dénigré, le plus compris, le plus incompris. La famille est un superlatif. On y est seul, on y est nombreux.
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Il ne fallait pas parler de ma voisine, même dans son dos. Il ne fallait pas lui parler non plus. Elle n'avait pas demandé la permission d'être enceinte. D'ailleurs, elle faisait plein de choses sans autorisation. Je crois qu'elle sautait par-dessus le portail, quand elle n'avait pas encore le droit d'avoir une clé. Moi non, mais je me cachais pour écrire, parce que je n'étais pas bien sûre que ce soit permis.
Je regardais le fils de ma voisine, tout de travers dans sa poussette, les orbites pleines de soleil, en me demandant quel interdit l'empêchait de bouger, de voir, d'entendre, de parler, de lever une main pour s'essuyer la bouche. Je regardais sa mère et je l'admirais en cachette. Je l'admirais d'avoir fait ça, un gosse défendu qui bavait et coinçait tout le ciel dans ses yeux. J'avais honte aussi, parce que le pauvre.
J'ai écrit cette histoire sans aucune autorisation, même pas la sienne, même pas celle de sa mère, juste pour dire en retard il est beau ton fils, en traversant la cour avant d'ouvrir le portail.