L'histoire commence à Beausite, banlieue de Tunis en 1947, au temps où Alice Barenti, 15 ans et demi, tombe folle amoureuse du mystérieux Neldo, agent-recruteur du Mossad en Afrique du Nord. Mais il y a aussi le jeune Paul Samama, affairiste en culotte courte ou presque, qui s'est juré de n'épouser qu'elle. Partagée entre Neldo l'idéaliste et Paul l'ambitieux, Alice traverse sa jeunesse à vélo, au milieu des rires et des cris d'une famille si nombreuse qu'on ne sait plus qui est qui, dans cette Tunisie qu'on dirait ensoleillée à jamais.
Mais l'Histoire guette tous ces personnages comme au coin du bois, et avec la décolonisation, le paradis de Beausite est bel et bien perdu. L'exil pousse Alice et les siens vers la France aimée mais inconnue. Seulement son dilemme amoureux entre Neldo et Paul, traverse la Méditerranée avec elle et l'accompagnera jusqu'à son dernier souffle.
Histoire d'une famille tune et d'un amour fou, Une Nuit à Carthage est un roman polyphonique, un joyeux foutoir, une ode à l'éternelle jeunesse.
Ce roman au naturel et à la fluidité poignante est une saga romanesque où la vie et les drames éclaboussent à chaque page et les secrets aussi. Il a le souffle et la spontanéité de certains grands livres, de ceux dont le souvenir demeure longtemps après les avoir refermés.
La Tunisie est indépendante depuis 1956, le gouvernement dirigé par Bourguiba revendique, en juillet?1961, la base navale de Bizerte restée française. La tension monte entre les 2 pays, ce que l'on nomme aujourd'hui «?la crise?» ou «?les événements?» de Bizerte se règle en 2 jours de combats meurtriers. Sur les 50?000 Français restés en Tunisie, près de 8?000 quittent le pays pour rejoindre la France.
À l'occasion d'un déménagement, Loïc Bana, peintre en vogue, trouve une lettre de son père Paul.
Soudain son enfance qu'il n'a cessé de fuir, Montrouge, cette banlieue qu'il arpentait seul, la clé de l'appartement autour du cou lui sautent au visage comme un chat. Tout lui revient, le départ de Tunisie en catastrophe, fin des années 1960, cette bâtisse rouge de l'avenue Verdier, l'arrivée des Zuili, une famille plus qu'étrange, Monique, Hey Jude, et ce cheveu blanc qui avait poussé à 7 ans et demi tout au fond de son coeur. Loïc s'allonge sur son fauteuil en cuir Havane et revoit tout comme dans un film.
Après Une nuit à Carthage qui évoquait une époque révolue au sein d'une Tunisie aujourd'hui disparue où se mêlait amour perdu puis retrouvé, enfance sacrifiée, pays à bâtir et vie à reconstruire, Annick Perez revient - comme un « détail » d'une peinture - avec « L'enfant étranger » sur certains des personnages d'Une nuit à Carthage désormais installés dans une banlieue parisienne en ces années 60 où les soubresauts de l'Histoire tunisienne les a contraints à s'établir. Mais l'histoire et les protagonistes se veulent totalement différents même si on peut retrouver quelques images d'Une nuit à Carthage, son précédent roman, qui avait obtenu un grand succès auprès de la presse juive et du public essentiellement séfarade.
Une nuit, une explosion dans la poitrine, les pompiers, le bloc, la lumière aveuglante. Du chirurgien qui va l?opérer du coeur, Luka ne voit que les yeux, mais elle les reconnaît. Elle reconnaît Arnaud, son premier amour. Quinze ans plus tôt, lui, elle et sa soeur faisaient partie d?une bande d?adolescents sur lesquels le destin n?avait pas prise. Quinze ans plus tôt, sa soeur n?était pas morte d?une erreur médicale. Quinze ans plus tôt, Luka regardait la vie bien en face. Elle voulait en découdre avec tous les garçons du monde. Aujourd?hui, elle fuit, elle n?est personne, elle a décidé de partir à la recherche de sa soeur à travers la mémoire d?une poignée de garçons connus l?été 85.
Alors, quand elle retrouve Arnaud, elle se dit qu?il n?y a pas de hasard. Elle le séduit sans mal, l?enserre dans le regret de l?enfance trahie, l?empoisonne avec ses secrets et sa mauvaise foi, tentant par cette remontée dans le temps de recréer le monde où sa soeur aurait dû vivre.
Le récit d'Othello, brillant et séduisant architecte de trente ans, commence alors qu'il a été violemment renversé par un autobus et qu'il est plongé dans un profond coma. Son état désespéré conduit le personnel médical à le condamner sans appel, au point même de prévoir de transférer rapidement son coeur à un autre malade qui attend. Othello entend ces conversations à son chevet, comprend toute l'horreur de la situation mais ne peut réagir puisque son cerveau, même s'il est parfaitement lucide, ne peut transmettre aucun ordre au reste de son corps. Sa révolte est forte mais elle fait vite place à une rêverie autour de sa vie et surtout des derniers jours où, à la piscine municipale, il a rencontré Septembre, cette étrange et belle fille de vingt ans qui a ranimé son existence à bout de souffle le jour où elle lui a envoyé un SMS : « You're beautiful ».
Dans sa chambre, on prépare l'imminence de sa mort, ses parents sont là dans une intolérable résignation. Mais Othello a une furieuse envie de vivre, sa sensualité est intacte, surtout à l'évocation de Septembre. Le ton du récit devient fiévreux, Othello revisite son enfance où la mort est déjà présente puisqu'elle lui enlève sa soeur Monique, où son père l'investit de la haute mission de la réussite impérieuse. Il repense aux femmes et aux plaisirs qu'elles lui ont procurés. Seule l'arrivée de Septembre dans la chambre va l'apaiser, Septembre qui prendra le relais pour raconter sa propre vie et la suite de cette histoire qui culminera en une incroyable et bouleversante fin.
Par la finesse de son style, tout en touches contrastées - délicates et abruptes -, Annick Perez a écrit un conte moderne singulier où l'on constate que les avancées de la science ne font que repousser encore plus loin les frontières de l'imagination. Et nous soumettent encore plus fortement aux lois de l'amour.