23ème édition du Festival Africain de Cajarc (46) du 21 au 24 juillet 2022
En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre mythique, paru en 1938 : Le labyrinthe de l'inhumain. On a perdu la trace de son auteur, qualifié en son temps de « Rimbaud nègre », depuis le scandale que déclencha la parution de son texte. Diégane s'engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T.C. Elimane, se confrontant aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France en passant par l'Argentine, quelle vérité l'attend au centre de ce labyrinthe ?
Sans jamais perdre le fil de cette quête qui l'accapare, Diégane, à Paris, fréquente un groupe de jeunes auteurs africains : tous s'observent, discutent, boivent, font beaucoup l'amour, et s'interrogent sur la nécessité de la création à partir de l'exil. Il va surtout s'attacher à deux femmes : la sulfureuse Siga, détentrice de secrets, et la fugace photojournaliste Aïda...
D'une perpétuelle inventivité, La plus secrète mémoire des hommes est un roman étourdissant, dominé par l'exigence du choix entre l'écriture et la vie, ou encore par le désir de dépasser la question du face-à-face entre Afrique et Occident. Il est surtout un chant d'amour à la littérature et à son pouvoir intemporel.
Fils d'un Breton "monté à Paris" en 1920, Roland Colin est élevé à Guipavas par sa grand-mère, Marig ar Rouz. Ballotté entre son Finistère et Paris où ses parents se sont installés, l'auteur est aussi témoin, dès le plus jeune âge, de la vie de ces Bretons déracinés de leur terroir. Mais le modèle de Roland, c'est sa grand-mère auprès de laquelle il passe l'essentiel de son enfance. Cette étonnante paysanne léonarde a côtoyé la "princesse russe", une fille du village qui avait épousé le cousin du tsar Alexandre II, elle a vu aussi le cirque américain de Buffalo Bill et ses Indiens se produire à Brest en 1889 ! Tant d'histoires extraordinaires qui semblent presque impossibles dans ce qui est alors un bout du monde oublié.
Ce livre nous fait revivre aussi la Bretagne du XXe siècle, la vie rurale, l'Occupation et la réduction de la poche de Brest, la vie au collège et la JEC, et tant d'autres choses encore. Il nous montre surtout que posséder une double culture est une vraie richesse : en réalisant sa vie professionnelle sur le continent africain, Roland Colin devient l'élève de Senghor, et découvre avec surprise un monde paysan proche de l'univers de Marig ar Rouz.
« Le temps semblait suspendu. Alors il ferma les yeux, pour les rouvrir presque aussitôt. Mieux valait les garder ouverts, les tireurs ne devaient pas être loin, il ne savait plus Les ferma à nouveau, il ne pouvait s'en empêcher, les rouvrit, grands, comme le petit garçon dans les bras de sa mère. D'où venait soudain cette joie de vivre, cette déferlante qui les portait, lui et sa mère, incapable de se souvenir pourquoi ils étaient si heureux. Ii sourit aux étoiles, ses paupières se refermèrent ».
Le 11 décembre 2018, au marché de Noël, la ville de Strasbourg est frappée par un attentat terroriste. Témoin et victime de l'horreur, le narrateur croit sa dernière heure arrivée. Des bribes de son passé l'envahissent alors, chargées d'émotions singulières.
Gaston-Paul Effa saisit avec acuité ces moments charnières de l'enfance au cours desquels se joue l'adulte futur. Il dit comment les retrouvailles avec l'enfant que l'on a été permettent de surmonter les blessures de l'existence.
Nourri de réminiscences et de rêves d'exil, ce roman de la résilience nous permet de dépasser les frontières tantôt dramatiques, tantôt jubilatoires entre l'enfance et l'âge d'homme.
Dans les années 1980, Armelle Faure, étudiante en anthropologie, découvre avec enthousiasme la Haute-Volta, pays à l'aube d'un grand changement sociétal, qui deviendra son «terrain» pour sa thèse d'ethnologue.
Vivant dans un village bisa, plongée en plein coeur de la révolution burkinabé menée par Thomas Sankara, l'auteur découvre un pays empli de mysticisme et de traditions séculaires. Les événements révolutionnaires se multiplient, le doute s'installe, mais le changement aura bien lieu, y compris dans le hameau bissa : c'est la naissance du « pays des hommes intègres ».
Affinant son regard sur la société africaine et sur le rapport à l'Occident, à ce moment charnière de l'histoire burkinabé, Armelle Faure évoque ces années à côtoyer l'Afrique au coeur, enthousiaste et pétrie d'espoir.
Pendant trente-deux ans (1965-1997), Mobutu régna d'une main de fer sur le Congo/Zaïre. Une dictature souvent féroce alliant les crimes de sang, la corruption matérielle et morale et le pillage éhonté des richesses nationales. L'Histoire porte sur Mobutu un verdict accablant.
L'homme à la toque de Léopard n'était pourtant pas un vulgaire tyran : cet ami de l'Occident a joué, pendant la guerre froide, un rôle stratégique de premier plan, promouvant son pays en « rempart du communisme » en Afrique. Arrivé au pouvoir dans le sillage d'une guerre civile impitoyable, il n'eut de cesse de maintenir l'unité, souvent menacée, de son pays. Mais les aléas de l'économie mondiale aggravés par une gestion catastrophique de l'État plongèrent le peuple zaïrois dans la misère et obligèrent le "roi du Zaïre" à démocratiser à regret son régime. Trop peu, et surtout trop tard pour éviter sa chute shakespearienne.
Ancien journaliste au Monde, Jean-Pierre Langellier a rencontré à plusieurs reprises ce chef d'État hors norme et en dresse la première biographie complète, de son enfance à son exil au Maroc, où il mourut.
Parce qu'il fait l'école buissonnière pour lire, manger des beignets et jouer aux billes, parce qu'il répond avec insolence, parce qu'il parle français mieux que les Français de France et qu'il commence à oublier sa langue maternelle, Hamet, un jeune garçon de Bamako, est envoyé loin de la capitale, dans le village où vivent ses deux grands-mères.
Ses parents espèrent que ces quelques mois lui apprendront l'obéissance, le respect des traditions, l'humilité.
Mais Hamet en rencontrant ses grands-mères, en buvant l'eau salée du puits, en travaillant aux champs, en se liant aux garçons du village, va découvrir bien davantage que l'obéissance : l'histoire des siens, les secrets de sa famille, de qui il est le fils et le petit-fils. C'est un retour à ses racines qui lui offre le monde, le fait grandir plus vite.
Tout part d'une vidéo virale, au Sénégal. On y voit comment le cadavre d'un homme est déterré, puis traîné hors d'un cimetière par une foule. Dès qu'il la visionne, naît chez Ndéné Gueye, jeune professeur de lettres déçu par l'enseignement et fatigué de l'hypocrisie morale de sa société, un intérêt, voire une obsession, pour cet événement. Qui était cet homme ? Pourquoi a-t-on exhumé son corps ? À ces questions, une seule réponse : c'était un góor-jigéen, disait-on, un « homme-femme ». Autrement dit, un homosexuel.
Ndéné se met à la recherche du passé de cet homme, et va même rencontrer sa mère. Autour de lui, dans le milieu universitaire comme au sein de sa propre famille, les suspicions et les rumeurs naissent, qui le déstabilisent, au point de troubler sa relation avec son amie Rama dont il est fortement amoureux, Rama à la bouche généreuse et à la chevelure abondante et mystérieuse...
D'une écriture poétique et scrupuleuse, Mohamed Mbougar Sarr signe ici un roman bouleversant sur la seule grande question qui vaille aux yeux de son héros : comment trouver le courage d'être pleinement soi, sans se trahir ni se mentir, et quel qu'en soit le prix ?
À Kalep, ville du Sumal désormais contrôlée par le pouvoir brutal des islamistes, deux jeunes sont exécutés pour avoir entretenu une relation amoureuse.Des résistants tentent de s'opposer à ce nouvel ordre du monde en publiant un journal clandestin. Défi lancé au chef de la police islamique dans un climat de tension insoutenable qui met en évidence des contradictions et brouille tous les repères sociaux. Mais la vie, à sa façon mystérieuse, reprend toujours ses droits.Terre ceinte met en scène des personnages enfermés dans un climat de violence. L'écrivain sénégalais en profite pour interroger les notions de courage et de lâcheté, d'héroïsme et de peur, de responsabilité et de vérité. À travers des dialogues étonnamment vibrants, des temps narratifs puissants, la correspondance échangée par les mères des deux victimes, s'élabore une réflexion contemporaine sur une situation de terreur.GRAND PRIX DU ROMAN METIS 2015PRIX AHMADOU KOUROUMA 2015
Le livre « Sunyu gaal », en wolof, « notre pirogue », éclaire l'étymologie du Sénégal, « ce Fleuve qui n'a cessé d'engendrer un Pays ». Sous ce titre, Roland Colin livre un récit très attendu par les historiens, relatant une aventure de forte intensité narrative : l'histoire de l'émancipation, « au soleil de la Liberté », au bout de quatre siècles de sujétion, de la plus ancienne des colonies de la France. C'est là un apport de choix au grand débat sur le sens de la colonisation et de la décolonisation, dont les termes sont loin d'être clos.
L'auteur Roland Colin, d'abord élève de Léopold Sédar Senghor à l'École nationale de la France d'Outre-mer, après trois années passées comme administrateur au Soudan français (expérience relatée dans Kènèdougou, au crépuscule de l'Afrique coloniale, Présence Africaine, 2004), se retrouve affecté au Sénégal, où il vivra huit années cruciales, à des postes-clés : au cabinet du Gouverneur, à celui de Mamadou Dia, premier chef du Gouvernement de l'Autonomie, puis de l'Indépendance. Acteur-témoin, jouissant de la confiance amicale des deux figures de proue de cette étape historique déterminante, il a vécu successivement la transition coloniale, l'émergence des nouveaux pouvoirs, la lutte contre la « balkanisation », l'éclatement de l'éphémère Fédération du Mali, la politique pionnière d'un « socialisme africain » humaniste, puis, en 1962, la crise et la rupture douloureuse entre Senghor et Dia, les douze années de prison cruelle frappant ce dernier, enfin sa libération au prix d'une longue médiation que lui
confient les « frères séparés ».
Cet ouvrage est un « récit de vie », l'illustration d'une « philosophie du développement par et dans la participation des citoyens des communautés où ils s'expriment ».L'auteur que le philosophe Souleymane Bachir Diagne, dans la préface, définit comme un « passeur », un « traducteur », nous fait part de sa vaste expérience d'animation rurale et de participation communautaire au Sénégal, au Tchad, à Madagascar, au Niger, au Rwanda, en Guinée Bissau, mais aussi au Cameroun, en Centre Afrique, au Burkina Faso, au Bangladesh, où l'ont conduit ses différentes missions. Témoin attentif et sensible, Roland Colin fait preuve d'un sens aigu de l'histoire en déroulement, et analyse avec perspicacité la conquête de la Toison d'or de la liberté, telle qu'il l'a vécue dans cette Afrique qu'il décrit avec talent.
Le kènèdougou, " pays de la lumière ", est le nom du royaume qui, dans les marches historiques de l'ancien empire du mali, a mené le combat ultime contre l'armée coloniale française.
La ville prestigieuse de sikasso, symbolisant la résistance du peuple sénoufo, fut prise en mai 1898. cinquante ans plus tard, roland colin arrive dans ce pays, comme jeune administrateur de la france d'outre-mer. il y passe presque trois ans, en compagnie de sa femme renée, dans la ferveur de la découverte d'une culture paysanne extraordinaire, encore vivante mais meurtrie, en ce crépuscule du pouvoir colonial.
Ce récit d'apprentissage, vibrant et sensible, porte témoignage du choc de sociétés et de cultures dont l'histoire convenue donne une image imparfaite dans la vision des hommes d'aujourd'hui. il donne à penser que les problèmes du présent ne prennent sens que si l'on en recherche les racines dans les rendez-vous manqués d'hier. roland colin décrit les univers en présence : celui des blancs, microsociété confinée dans l'aigreur du repli, celui des auxiliaires noirs du colonisateur, médiateurs ambigus et humiliés.
Celui enfin des communautés paysannes, trouvant son sens dans les rituels majeurs de l'initiation et des funérailles. parachevant la traversée du miroir, roland colin noue le dialogue avec les nouveaux cadres africains, dans les cheminements difficiles, parfois douloureux, des mouvements politiques porteurs d'espérances. dès lors, les défis à venir s'annoncent comme l'aventure de la liberté à construire, exigeant que ne s'efface jamais la mémoire du kènèdougou.
« A partir d'aujourd'hui, tu ne seras plus capable de détruire la nature sans te détruire toimême.
Le moindre insecte que tu écraseras sous tes pieds te rappellera que tu es peut-être en train d'écraser un ami, un père, une mère, une épouse, un enfant tôt parti et que tu étais encore en train de pleurer... Tu apprendras à écouter, à regarder. Et à force d'écouter et de regarder, tu finiras par voir et entendre. Tu auras changé ta vie. Le reste importe peu. » Ce récit est né d'une rencontre extraordinaire entre un écrivain et une féticheuse pygmée. Dans l'âme des ténèbres, au coeur de la forêt tropicale, va naître un dialogue où le corps et l'esprit quittent leurs domaines séparés pour se fondre ensemble. De rencontre en rencontre se fraye le chemin de l'initiation qui ouvre à chaque pas des relations d'abord invisibles entre les choses, les pensées et les instants de vie. Une invitation à écouter la nature, à s'unir au cosmos, à suspendre la raison pour réapprendre à vivre.
Gaston-Paul Effa, à travers une rencontre avec une guérisseuse pygmée, renoue avec l'animisme comme sagesse immémoriale. Ni religion, ni philosophie, mais compréhension neuve de la nature et nouvelle façon d'habiter le monde.
«Quand les sauveteurs le découvrirent, il avait le visage scellé, d'où le cri ne pouvait jaillir. Il faisait très froid dans le cachot. La ville déserte et saccagée était recouverte de suie noire. Les buissons, les hautes herbes scintillaient. L'air avait une transparence vibrante, métallique. Il pénétrait dans les poumons comme la pointe d'une lame. Le colonel vit, dans son regard, l'enfant qu'il avait été et qui était demeuré et qui levait vers lui des yeux de la même couleur que les siens, de la même eau de terre trempée et effacée. Le prisonnier, hébété, répétait les mêmes phrases en créole comme une ritournelle».
Seul survivant de l'éruption de la montagne Pelée du 8 mai 1902, Louis-Auguste Cyparis, appelé «le Miraculé de Saint-Pierre», est découvert gravement brûlé dans son cachot. Une destinée bien singulière attend alors ce Moïse des laves.
L'écriture lumineuse de Gaston-Paul Effa, entre effroi et volupté, portant l'histoire du miraculé, jette un jour neuf sur l'histoire des Caraïbes, de l'Afrique et, au-delà, de tous les opprimés. Cantique d'espérance, ce roman est une invitation à éclairer la nuit humaine.
Face au tumulte des jours, à un monde désenchanté, toujours plus exigeant, des images et des mots «d'une apaisante clarté» nous interpellent en nous murmurant l'essentiel, l'authenticité des êtres et des choses, l'amour et l'humilité, comme autant de promesses. Appel ultime à la sobriété, qui peu à peu nous effleure.
Sous l'apaisante clarté résulte alors d'une conversation poétique et philosophique entre un pharmacien-poète et un philosophe-écrivain, deux voix qui se retrouvent et s'expriment à l'unisson avec en contrepoint l'image qui balance sa note.
"Mon grand-père disait que pour les Noirs la peau est un mystère insondable, et il le disait sans chercher à savoir si nous comprenions, ou si, à Lamentin, on se souciait de la peau des esclaves, la mer, seule, évoquait quelque chose pour nous puisqu'elle n'était jamais bien loin, qu'elle nous nourrissait, qu'elle n'aurait jamais fini de charrier nos expériences originelles. Ce que voulait dire mon grand-père, c'était peut-être que la peau d'autrui et sans doute la sienne, et aussi la mienne aujourd'hui, sont un détroit où l'on ne peut que se perdre." Martiniquais d'origine modeste, vétérinaire rejeté puis admiré, Raphaël Élizé, le narrateur, a été le premier maire noir d'une ville de France métropolitaine. L'occupation allemande, au cours de la Seconde Guerre mondiale, mit malheureusement fin à son mandat pour des préjugés de couleur. Il entra dans la Résistance avant d'être arrêté puis déporté à Buchenwald en 1944.
Rendez-vous avec l'heure qui blesse, c'est le destin historique d'un homme simple, plein de tendresse et de compassion, d'un homme devenu un héros national ; c'est le destin d'un homme emblématique de la condition humaine qui a inspiré ce roman où l'Histoire le dispute à l'émotion.
Petit-fils de féticheur, Africain de culture animiste, Obama, le narrateur de ce livre, l'enfant au nom d'oiseau, a refusé l'héritage que son aïeul lui a laissé au seuil de sa mort.
De ce sac totémique transmis comme un oracle il s'est immédiatement débarrassé sans même l'ouvrir. Après avoir enterré l'objet quelque part au pied d'un oranger, Obama a quitté le continent africain en acceptant avec un bonheur immense l'opportunité de poursuivre ses études en France et tout particulièrement à Strasbourg. Ce livre est le récit poétique de sa vie, heureuse mais inaccomplie. Car il est impossible d'anéantir l'empreinte invisible des origines : les ravissements de l'être ne se trouvent pas forcément dans la lumière.
Ainsi, Obama, devenu professeur de philosophie, éprouve-t-il le besoin de rentrer chez lui, juste le temps de retrouver le sac totémique de son grand-père, de revoir sa mère et d'habiter enfin son être africain même si chaque vie est une légende.
Lorsque mon père, dans son vieil âge, a commencé à décliner, j'ai décidé de partir à Diên Biên Phu, comprendre ce qu'il avait vécu en tant que pilote de l'armée de l'air, lors de cette bataille décisive de 1954. J'irai découvrir l'histoire de la fi n de la guerre d'Indochine dans cette vallée des montagnes vietnamiennes. À l'âge où il était jeune pilote d'aviation risquant sa vie contre le Vietminh, je participais à la révolution antiimpérialiste de Thomas Sankara au Burkina Faso et menais des actions humanitaires dans les villages africains. Pourquoi tant de distance entre nous ?
Je suis revenue vers lui. Juste à temps. Dans la vallée de Diên Biên Phu, j'écoute enfi n son récit de la grande bataille, mémoire fi gée dans ses carnets de vols...
Tout à la fois chef d'État emblématique et poète de génie, Senghor connut de nombreux bouleversements en près d'un siècle d'existence (1906-2001) : il grandit au Sénégal, alors colonie française, au début du XXe siècle ; il prend une part active à la Seconde Guerre mondiale en intégrant les tirailleurs sénégalais ; il oeuvre à l'indépendance du Sénégal dont il devient le premier Président en 1960 ; en 1983, il est le premier africain élu à l'Académie française, véritable consécration de son immense carrière littéraire.
Léopold Sédar Senghor eut donc, au cours de sa longue vie, deux carrières mais une seule volonté : valoriser les cultures et les peuples d'Afrique noire. Il y parvint d'abord à travers la littérature, notamment en créant le concept de « négritude » avec Aimé Césaire, son ami de toujours. Puis sa vie de chef d'Etat fit le reste : symbole de la coopération entre la France et ses anciennes colonies, Senghor permit au Sénégal de s'affirmer comme carrefour culturel - accueillant un carrousel de colloques, congrès et autres séminaires internationaux - et Dakar comme vitrine artistique. Lorsqu'il démissionna en 1980, il laissa à ses successeurs un héritage aussi rare que précieux sur le continent africain : la démocratie, le pluralisme, l'alternance du pouvoir, et la préservation de l'unité nationale.
De sa plume délicieuse qui rappelle parfois celle de Joseph Kessel, Jean-Pierre Langellier reconstitue avec finesse la vie d'un homme qui, toute sa vie, contribua à « réveiller l'Afrique de son sommeil millénaire ».
Chantal est déterminée à protéger sa fille, Agnès, née albinos au Cameroun, contre les superstitions et craintes.
Les trois parties de cet album, par des dessinateurs aux styles fondamentalement différents, retracent les moments décisifs la vie de ces deux femmes, entre rejets, menaces et désir d'une vie normale. « Pour une couleur de peau » dénonce ainsi les discriminations voire les persécutions subies par les albinos aujourd'hui au Cameroun et Afrique Centrale, malgré une prise de conscience de plus en plus importante de la communauté internationale avec notamment La journée mondiale de l'albinisme est le 13 juin...
Alphonse Madiba dit Daudet est de retour au pays... Depuis longtemps déjà... Trop longtemps... Autant de temps passé à ressasser avec ses amis du Bar des Intellectuels les beautés de Paris et de la France, cette France si désirable qui l'a pourtant rejeté, faute de carte de séjour en règle.
Mais Madiba est terriblement amoureux de la France d'Alphonse Daudet, son écrivain préféré, son mentor. Alors il faut revenir ! A tout prix ? Oui ! Et lorsqu'on n'a pas d'argent, pour arriver à ses fins il faut des idées, des relations telles que le commissaire Langamo, et il faut aussi... une connexion internet.
Cameroun, dans un village de la forêt équatoriale, aux environs de Djoum, sous-préfecture de province.
"Honorable assemblée des villages, soyons solidaires par rapport à notre décision, car s'il advenait que les autorités judiciaires étaient informées de la situation, tous les chefs de village de la communauté seront démis de leur fonction ; Madame Atangana, malgré son vieil âge, aura des problèmes, tandis que sa fille sera incarcérée pour très longtemps. Quant au docteur Laure, comme elle est française, je ne sais pas ce qu'il adviendra d'elle..."