Le vertige de la justice ordinaire, raconté par l'auteur du Démon de la Colline aux Loups. Un ensemble d'histoires inspirées du vécu de Dimitri Rouchon-Borie, chroniqueur judiciaire pour le journal breton Le Télégramme.
« Fariboles m'est venu sans volonté précise, comme s'il me fallait avant tout faire entendre ce monde de la justice ordinaire qui, au fil des ans, est devenu le mien. On ne trouvera pas dans ce livre l'or des grands procès, des affaires exceptionnelles, des ténors virtuoses de la défense. Après Le Démon de la Colline aux Loups et Ritournelle, je voulais simplement que l'on ne se détourne pas des plaies de la vie ordinaire, qui disent tant ce que nous sommes, et la société dans laquelle nous vivons. [...] La vérité de ce livre, elle tient sans doute pour moi tout entière dans cette tentative. Dans ce désir de montrer que, au-delà de l'énoncé des faits et des paroles, il n'y a nul monstre. Juste des femmes et des hommes. De ceux qui pensent, à chaque fois, avoir fait de leur mieux. » (extrait de la préface de l'auteur)
Après la réédition de "Neige" au format de poche, un recueil de nouvelles en partie inédites et d'articles de presse de la grande Anna Kavan. Connue pour son goût de l'expérimentation des formes et des genres, elle a conçu au fil de sa vie des textes oscillant entre l'écriture de la dépression, des évocations de la guerre, des récits surréalistes voire de science-fiction dont ce recueil rend compte. Comparée aussi bien à Leonora Carrington, Jean Rhys, Clarice Lispector que Sylvia Plath, Anna Kavan est une des grandes voix littéraires à redécouvrir.
Au printemps 1957, Otis Kidwell Burger et ses deux jeunes enfants se rendent dans une maison isolée au coeur des montagnes Catskill, au nord de New York, appartenant à un couple d'amis. Chaque nuit, Otis prend la plume et explore les émotions que lui inspire cet endroit magique et magnifique.
Quand le couple d'amis les rejoint, quelque chose se noue entre Otis et le mari - quelque chose que l'on voit émerger ou que l'on devine. Car l'amour dont il est question ici semble mouvant, protéiforme. L'arrivée de l'homme est un éveil, sa présence une félicité, son départ un deuil. Tout au long du récit, les mots d'Otis nous entraînent dans son lien mystique avec le monde naturel, dans la puissance sublime d'une passion qui ne saurait trouver de destin ailleurs que dans l'instant présent.
J'étais donc assis dans cette même posture lorsque je l'appelai et lui exposai rapidement ce que j'attendais de lui, savoir, l'examen de concert d'un petit document.
Imaginez ma surprise, non, mon indignation, lorsque, sans se départir de son quant-à-soi, bertleby, d'une voix singulièrement douce et ferme me répondit, " je ne préférerais pas ". herman melville
Les textes d'Archéologie des trous se déroulent dans une Afrique du Sud oscillant entre fantastique et réalisme cru. Une narratrice aux yeux perçants et médusés ausculte les trous, qui sont partout : dans les corps, les désirs, la terre saccagée, les vies et les mémoires effacées, les amours et les massacres oubliés.
Dans cette fresque hallucinée, on pourra tout aussi bien autopsier son propre cadavre, vivre à l'intérieur d'une vache, fomenter une révolte de travailleurs migrants, découvrir un empire déchu au fond d'un terrain vague, se livrer au trafic de poux, explorer un trou noir en creusant dans son jardin, ou être présent le jour où les Blancs sont repartis par la mer.
Le pays des phrases courtes, c'est une région rurale à l'ouest du Danemark. L'héroïne, tout juste arrivée de Copenhague, s'y installe et tente de trouver de nouveaux repères dans une communauté isolée... Un roman où l'on navigue entre humour irrésistible et justesse implacable sur les relations sociales.
L'héroïne et narratrice de ce roman s'installe dans le Jutland après avoir longtemps vécu à Copenhague. Elle doit trouver de nouveaux repères dans cette communauté isolée, se faire une place au sein de l'environnement déconcertant de l'école où son compagnon enseigne la créativité à de jeunes bacheliers, et tenter de comprendre le langage et les modes de conversation impénétrables de la population locale. Pour couronner le tout, elle doit assumer son rôle de mère de nouveau-né et la rubrique de conseils aux lecteurs qu'elle tient pour un magazine.
Dans ce roman brillant et hilarant, Stine Pilgaard évoque l'aventure en terre inconnue des néoruraux, les relations humaines, les dilemmes et les chemins de traverse des relations sociales.
Puis, de sa voix lente, sans inflexion, il se mit à raconter son emprisonnement, les interrogatoires impitoyables, menés par un enquêteur poli, raffiné, mais d'une ruse et d'un acharnement diaboliques, l'envoi de ses camarades à l'exécution, et comment la terreur, la souffrance, les mauvais traitements, avaient à tout jamais éteint ses yeux déjà usés. Il fut interrompu par Arkadine qui, soudain, cria d'une voix stridente, hystérique : - Du champagne, garçon , du champagne, vite.
« Je pensais souvent à ce cinéaste japonais, Ozu, qui avait fait graver ces simples mots sur sa tombe : « Néant ». Moi aussi je me promenais avec une telle épitaphe, mais de mon vivant. » Adolphe Marlaud habite un appartement avec vue sur le cimetière qui domine la rue Froidevaux, une de ces rues où « on meurt lentement, à petit feu, à petits pas, de chagrin et d'ennui. » N'ayant réussi à n'être ni fantôme, ni homme invisible, en exil, cet étrange voyageur d'hiver s'est fixé une ligne de conduite : « vivre le moins possible pour souffrir le moins possible. » C'est sans compter sur Madame C., sa concierge, qui guette amoureusement son passage du haut de ses deux mètres pour le contraindre à des actes que la pudeur réprouve.
Aglaïa est grande. Aglaïa est grosse. Son mari, un haut fonctionnaire petit de corps et d'esprit, va tenter de rétablir l'ordre qu'il croit naturel. Son obsession, réduire sa femme à sa mesure, causera sa perte. Avec cette nouvelle à l'humour grinçant, l'écrivain russe Fiodor Sologoub explore les coulisses de l'humanité, ses bassesses et sa cupidité.
Une fable caustique à redécouvrir dans un ouvrage à géométrie variable qui vous fera plisser et écarquiller les yeux.
CE LIVRE compile des légendes et des contes anciens d'Argentine, recueillis puis réécrits par l'écrivain et naturaliste William Henry Hudson, alias Guillermo Enrique Hudson. La première histoire du recueil est aussi la plus connue, elle s'intitule « El Ombú ». À l'ombre de cet arbre majestueux et solitaire, la voix du vieux Nicandro s'élève sur l'étendue des Pampas. Alors commence l'émerveillement.
« La Tradition des larmes », défiant les lois du genre, se présente comme un essai historique, un essai littéraire ou comme un poème peut-être davantage.
Publié en 1979 dans la revue Po&sie, ce texte inclassable fait se rencontrer quelques figures de la sainteté, de la chevalerie et de la poésie. De Raymond Lulle, Jean Louis Vivès, Luis de León, Thérèse, Jean de la Croix à Malevitch, toute une constellation inédite se construit au fil de la lecture, et donne dans le même mouvement un nom aux « eaux du corps », quand les sens « jettent quelque chose au-dehors ».
Qui mieux que l'auteur du Livre de la jungle et de Kim pouvait écrire sur le voyage et ses parfums ? Avec son âme de globe-trotteur, Kipling loue le fumet du feu dans les campements de fin de journée, l'incomparable parfum de la nuit tropicale, l'odeur de la glace polaire à la dérive, les effluves des bazars orientaux... Et, visionnaire, pressent que l'arrivée de l'aéronautique annonce une nouvelle esthétique du voyage, dans laquelle la saveur des pays sera tout autre.
Rappelant les légendes traditionnelles et les contes initiatiques, Clarice Lispector mêle le monde de l'enfance aux destins d'animaux. Ces derniers se voient pris dans un tourbillon d'évènements aussi anodins que mystérieux, inspirés de la vie quotidienne. Ainsi, le titre éponyme de ce recueil revient sur la mort de deux poissons rouges que son fils Paulo lui avait demandé de garder en son absence. Dans Comme si c'était vrai, on croise le chien Ulysse au regard humain, fidèle compagnon de Clarice Lispector, qu'elle ne remplaça jamais après sa mort. C'est avec un mélange exquis d'humour et de simplicité, de douce ironie et d'amour maternel, que C. Lispector déploie l'appréhension sensible et émotionnelle du monde, la recherche du sens ou le renoncement à le trouver. La maternité et l'enfance sont au centre de son oeuvre : chez cette autrice incomparable, nulle opposition entre son rôle de mère et son travail d'écrivain. En témoigne son fils cadet, Paulo Gurgel Valente, qui se souvient de sa mère « avec une machine à écrire sur les genoux, tapant avec application au milieu de la pièce principale de la maison, au milieu des bruits des enfants [...] ».
Après avoir publié en 2004 La vie intime de Laura suivi du Mystère du lapin pensant, les éditions des femmes-Antoinette Fouque présentent une nouvelle édition de ces deux contes, réunis en un volume auquel viennent s'ajouter deux titres : une nouvelle traduction de La femme qui a tué les poissons (Ramsay, 1990 et Seuil, 1997) et un conte inédit en français et publié pour la première fois, Comme si c'était vrai. Ce recueil est illustré par l'artiste graveuse Julia Chausson.
« Parce qu'au début et au milieu je vais vous raconter des histoires sur les animaux que j'ai eus, pour vous montrer que je ne pourrais pas avoir tué les poissons autrement que sans le faire exprès. J'ai bon espoir qu'à la fin de ce livre vous me connaissiez mieux et que vous m'accordiez le pardon que je demande pour la mort de deux «tyrougets» - c'est comme ça qu'on les appelait à la maison, «tyrougets» ». C.L
Une mère inconnue qui ressemble à Liz Taylor, un père tendrement aimé qui se prend pour Musset, un amant marié qui joue avec un revolver, un autre qui apparaît le jour de la mort de Beckett, des amies en Allemagne, en Corse, en Angleterre, dont parfois le souvenir a presque disparu, et un Je tantôt féminin, tantôt masculin, vulnérable ou assassin, apparaissent tour à tour, comme on abat des cartes, dans ce nouveau jeu d'Anne Serre placé sous le signe de Lewis Carroll.
Un autoportrait en trente-trois facettes.
Tuttgart, 1932. Hans Schwarz, fils d'un médecin juif, rencontre Conrad von Hohenfels, issu d'une famille aristocratique au passé prestigieux. Tout les sépare : pourtant une amitié naît, exceptionnelle, exigeante. Mais déjà, avec la montée du nazisme, grondent des rumeurs de haine. Hans, exilé aux États-Unis, s'efforcera d'oublier son passé. Un passé qui se rappellera à lui un jour...
Ce recueil circonscrit la partition sensible d'un écrivain qui pose sur le monde un regard humaniste et progressiste. En ces temps tourmentés il est important de publier cette collection d'Odes comme autant de chroniques qui soulignent le besoin inné d'enthousiasme de David Van Reybrouck et son bel esprit d'engagement positif.
«Le 17 janvier.
Tempête, pas de consultation. Ai lu pendant mes heures d'abstinence un manuel de psychiatrie, il m'a produit une impression terrifiante. Je suis fichu, plus d'espoir.
J'ai peur du moindre bruit, je hais tout le monde quand je suis en phase d'abstinence. Les gens me font peur. En phase d'euphorie, je les aime tous, mais je préfère la solitude.» Le journal halluciné d'une descente aux enfers, dans les affres du manque, aux limites de la folie, par l'auteur du Maître et Marguerite.